Guerre entre Israël et le Hamas : ce qu'il faut retenir de la journée du samedi 14 octobre
La guerre au Proche-Orient est entrée dans sa deuxième semaine. Israël a appelé les Palestiniens à "ne pas tarder" à évacuer le nord de la bande de Gaza, samedi 14 octobre, laissant présager d'une offensive terrestre. "Etes-vous prêts pour ce qui arrive ? Ça va continuer", a prévenu auprès de soldats le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, tandis que son armée a annoncé avoir trouvé des "cadavres" d'otages israéliens après "quelques raids dans la bande de Gaza". Voici ce qu'il faut retenir de cette nouvelle journée de conflit.
Neuf otages tués dans des raids israéliens, selon le Hamas
Les tirs de projectiles venus des deux camps se sont poursuivis, samedi, alourdissant de nouveau le bilan humain. Au moins cinq Israéliens et quatre étrangers otages du Hamas ont été tués par des frappes israéliennes au cours des dernières 24 heures dans la bande de Gaza, a affirmé, à la mi-journée, la branche militaire du mouvement islamiste palestinien. Ces nouveaux décès portent à 22 le nombre d'otages tués dans les raids depuis une semaine, d'après le Hamas. De son côté, Israël a confirmé avoir retrouvé "des cadavres" d'otages dans Gaza et évoqué la présence de "plus de 120 civils" retenus captifs à Gaza, parmi environ 150 otages enlevés par le Hamas.
Au huitième jour de la guerre, Israël a annoncé la mort de deux chefs militaires du Hamas : Mourad Abou Mourad, "responsable d'une grande partie de l'offensive meurtrière" contre Israël, et Ali Qadi, un commandant d'une unité accusée d'avoir "mené l'attaque contre les localités israéliennes proches de la bande de Gaza".
Le nombre de morts à Gaza est monté à 2 215 victimes, dont 724 enfants, a annoncé le ministère palestinien de la Santé du Hamas, samedi matin. Parmi ces décès, 324 sont survenus entre vendredi et samedi. Côté israélien, au moins 1 300 personnes, pour la plupart des civils, ont été tués en Israël depuis l'attaque. Le bilan des victimes françaises s'est alourdi, passant de 15 à 17 ressortissants tués, selon le ministère des Affaires étrangères. Quinze autres Français restent portés disparus.
La moitié des Gazaouis appelés à évacuer sans "tarder"
L'armée israélienne a recommandé, samedi, à la population du nord de la bande de Gaza de "ne pas tarder" à évacuer leurs habitations avant le lancement d'une offensive militaire. Environ 1,1 million de personnes dans le nord du territoire, qui compte un total de 2,4 millions d'habitants, sont concernées par cet appel, rejeté par le Hamas. Les routes sont encombrées depuis vendredi pour aller vers le sud du territoire palestinien. Un porte-parole de l'armée a indiqué, samedi soir, donner encore du temps aux Palestiniens pour partir dans le sud, "parce qu'il y a un nombre énorme de personnes qui doivent (encore) quitter" le nord.
L'armée israélienne, qui a mené vendredi des incursions au sol dans le territoire palestinien, a assuré samedi se préparer à "d'autres opérations de combat importantes". Le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a rendu visite aux troupes israéliennes près de la bande de Gaza, d'après une vidéo rendue publique par ses services. "Etes-vous prêts pour ce qui arrive ? Ca va continuer", a-t-il lancé, en gilet pare-balles vert, à plusieurs soldats.
Israël accusé de bafouer le droit international
Le droit international "n'avalise pas" une évacuation comme celle que demande Israël à Gaza, a déclaré samedi le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez. Dans la soirée, le président français, Emmanuel Macron, a également affirmé "que toutes les mesures permettant d'épargner les civils à Gaza et ailleurs devaient être prises et le droit international humanitaire être respecté". "Il faut faire la différence entre les terroristes et la population civile : le combat est dirigé contre le Hamas, pas contre les Palestiniens", avait aussi insisté la ministre des Affaires étrangères allemande, Annalena Baerbock.
Le chef du groupe terroriste Hamas, Ismaïl Haniyeh, a accusé Israël de commettre des "crimes de guerre" et "des violations flagrantes du droit international" dans la bande de Gaza. Dans une lettre ouverte adressée au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, il a aussi dénoncé le "siège" imposé par Israël à la bande de Gaza. Il exhorte l'ONU à "faire pression" sur Israël pour permettre "l'entrée de l'aide humanitaire et des fournitures médicales".
La France demande un couloir humanitaire à Gaza
Emmanuel Macron a multiplié les échanges avec des dirigeants étrangers, à commencer par les autorités israéliennes et égyptiennes. Il a exhorté Tel-Aviv et Le Caire à ouvrir un couloir humanitaire à Gaza, via le terminal de Rafah, à la frontière égyptienne. Un tel couloir pourrait servir "notamment à l'évacuation de nos compatriotes", a précisé l'Elysée. Selon un responsable américain cité par l'AFP, Israël et l'Egypte ont déjà donné leur feu vert pour laisser les Américains sortir de la bande de Gaza à travers le point de passage de Rafah.
Le chef de l'Etat a également tenté de peser "auprès des autorités iraniennes pour qu'elles s'abstiennent d'intervenir dans le conflit" et "auprès du Hezbollah pour éviter l'ouverture d'un deuxième front au nord d'Israël", selon la présidence. Le Hezbollah et les Libanais doivent "impérativement faire preuve de retenue", insiste Paris.
Des morts à la frontière entre Israël et le Liban
La tension est vive à la frontière d'Israël avec le Liban, où l'armée israélienne a annoncé avoir tué "plusieurs terroristes" qui tentaient de s'infiltrer, après avoir frappé dans la nuit une cible du Hezbollah dans le sud du Liban, en réponse à une "infiltration" aérienne et des tirs. De son côté, le Hezbollah a affirmé avoir ciblé des positions israéliennes dans une zone frontalière contestée. Ce mouvement armé libanais a déploré la mort d'un de ses hommes, tandis que deux civils ont été tués dans un bombardement israélien à Chebaa, dans le sud du Liban, selon le maire du village.
>> Guerre entre Israël et le Hamas : comment le conflit menace de s'étendre au sud du Liban
Comme la France, Israël et les Etats-Unis craignent l'ouverture d'un second front au nord de l'Etat hébreu, si le Hezbollah, soutenu par l'Iran, décidait d'intervenir massivement dans la guerre opposant Israël à leur allié islamiste du Hamas. L'Iran a estimé samedi à Beyrouth qu'il était encore possible d'éviter une "crise généralisée". "Peut-être que ce sera trop tard dans les heures qui viennent", a toutefois averti Téhéran.
Cette montée des tensions est intervenue après qu'un journaliste de Reuters a été tué, vendredi, et plusieurs autres blessés, dans un tir attribué à Israël par les autorités libanaises. L'armée israélienne s'est dite samedi "très désolée" de ce décès, indiquant "enquêter", sans reconnaître explicitement une responsabilité. L'armée libanaise l'a accusée samedi d'être responsable du tir "d'une roquette qui a visé une voiture civile de presse".
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