Cet article date de plus de dix ans.

Entre drague, insultes et incompréhension, quand les Israéliens et les Palestiniens se croisent sur Tinder

Cette application permet de trouver l'âme sœur près de chez soi, même en pleine guerre...

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Capture d'écran d'une conversation sur Tinder entre une Palestinienne et un Israélien.  (PALESTINDER.TUMBLR.COM/ FRANCETV INFO)

Tinder est une application qui permet de trouver l'âme sœur près de chez soi. Ou du moins, un voisin avec qui boire un verre et plus si affinité. Même chose pour Grindr, appli cette fois destinée aux homosexuels. Mais que se passe-t-il lorsque les utilisateurs vivent à Gaza, à Sderot, à Rafah où à Jérusalem ? En plein conflit israélo-palestinien, un tumblr publie des échanges réalisés sur l'application entre jeunes israéliens et palestiniens. Ils étaient venus pour draguer, les voilà qui se provoquent, ou se charrient.

Présenté comme "une petite expérience sociale" menée par "quelqu'un de 20 ans et quelque, qui travaille tout l'été dans la bande de Gaza", le site Palestinder montre la diversité des réactions face à l'autre. 

Les gens sont surpris de me trouver ici

Ces applications de rencontre sont essentiellement utilisées par les jeunes israéliens, rappelle le site Heeb.com, qui relaie l'adresse du tumblr. Du coup, certains sont avant tout surpris de se retrouver mis en contact avec un habitant de la bande de Gaza ou de Cisjordanie. S'en suit parfois une vague de clichés, comme lorsqu'au cours d'une conversation, apprenant que son contact vit et travaille en Cisjordanie lui demande : "Intéressant, qu'est-ce que tu fais ? Conducteur de chameau ?"

"Les gens sont souvent surpris de me trouver ici", confie un jeune Palestinien à son interlocuteur viviant en Israël, qui répond : "surtout à l'heure des missiles". 

Surtout que parfois le feeling passe : "Donc tu es Arabe et moi juif, ça ne te pose pas de problème ?", demande un utilisateur. "Eh bien... Il y a bien Roméo et Juliette", lui répond son interlocuteur. La comparaison littéraire fait son effet : "Ahaha, tu as plus de photos ?".

Mais la conversation peut bien partir, cela ne signifie pas qu'il y aura rencontre. "Alors on se voit ?"

-"Bien sur, je suis à Ramallah"

-"Ramallah ?! Viens à Tel Aviv alors !"

-"Non, toi viens à Ramallah"

-"Je n'ai pas l'intention de me faire tuer aujourd'hui" 

"Que fais-tu à Ramallah cet été", demande un autre utilisateur. "A part essayer de rester en vie ? "

Quand le conflit s'invite dans la drague

"A Ramallah, il n'y a que des terroristes."

- "Hmmm... je suis là depuis quatre jours et je n'en ai pas encore croisé". 

Parfois, les échanges dérivent immédiatement sur le conflit israélo-palestinien. Les discussions prennent des allures de leçon de géographie : "Palestine ? C'est où sur la carte, je ne trouve pas." " C'est marrant, il n'y a pas de mention d'Israél sur les cartes datant d'avant 1948, tu veux un cours de géographie ? Je suis prof, je peux t'aider".

Quand elles ne sont pas plus clairement des démonstrations de haine : "Pour ton information, Israel est un état juif où il faut parler l'hébreu, pas l'arabe", lance un interlocuteur remonté. Et de l'invité à "se tirer d'ici". 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.