300 000 réservistes, terrain d'opération complexe... Quelle va être la réponse militaire israélienne après l'attaque du Hamas ?
Un traumatisme énorme. L'offensive menée par le Hamas samedi 7 octobre sur le territoire israélien a souligné la faillite du renseignement et des forces de sécurité de l'État hébreu. C'est la première fois depuis 1948 et la création d'Israël que le territoire est ainsi attaqué et militairement occupé pour partie, dans certaines localités. Première fois aussi que des civils israéliens sont tués massivement.
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Les militaires et analystes spécialistes en stratégie avec qui nous avons échangé ce week-end le disent en chœur : "Oui, il y a eu des fautes, des erreurs, des manquements et il faudra faire toute la lumière dessus", mais "après". L'armée israélienne poursuit mardi 10 octobre sa contre-offensive : lundi, elle a annoncé la reprise des localités attaquées sur son sol et concentre sa riposte sur la bande de Gaza. En trois jours, ces hostilités ont déjà fait plus de 1 400 morts côté israélien et côté palestinien.
300 000 réservistes mobilisés en 48 heures
Les deux ou trois prochains jours seront consacrés à ratisser les abords de la frontière de Gaza, pour reprendre effectivement le contrôle de tout le territoire israélien. Ensuite, ce sera l'offensive. Israël vient de mobiliser 300 000 réservistes en 48 heures, précisait lundi matin le ministère de la Défense. Le but ne peut être qu'une offensive majeure sur la bande de Gaza, avec au moins deux divisions blindées, appuyées par l'aviation et la marine, supposait dimanche soir Kobi Michael, analyste et rédacteur en chef de la revue israélienne Strategic Assessment.
Le principal objectif est d'en finir avec la branche armée du Hamas. L'opération durera certainement des semaines, sans doute des mois. Benyamin Nétanyahou a mis en garde contre une guerre "longue et difficile". On parle d'une offensive majeure évidemment. L'étendue de la mobilisation des réservistes opérée depuis samedi donne la mesure de ce qu'elle pourrait être. Ces 300 000 soldats représentent dix fois plus que ceux qu'Israël avait envoyés au combat lors de la seconde guerre du Liban contre le Hezbollah en 2006. L'objectif est la bande de Gaza que les Israéliens entendent "nettoyer" de toute présence du Hamas comme du Jihad Islamique Palestinien, les deux groupes armés qui ont mené les opérations de samedi. Le Premier ministre israélien a prévenu "tous les endroits où le Hamas se cache, d'où il opère, […] nous allons en faire des ruines."
Un terrain d'opération militaire compliqué
Les militaires israéliens n'ont aucun doute sur le fait d'arriver à "réduire" militairement la bande de Gaza, contrôlée depuis 2007 par le Hamas, mais concèdent que l'opération pourrait prendre des mois. La bande de Gaza est une énorme zone urbaine et semi-urbaine, surpeuplée de 2,3 millions d'habitants. Il s'agit du terrain d'opération militaire le plus difficile qu'on puisse imaginer. Les forces du Hamas ont évidemment anticipé pareille offensive, à la suite de leur opération. Les sous-sols de Gaza sont troués comme un gruyère par des dizaines de kilomètres de tunnels et de sous-terrains, à partir desquels une résistance peut tenir pendant des mois. Le Hamas a d'ailleurs menacé d'exécuter des otages israéliens pour chaque maison bombardée en réplique du "siège total" imposé lundi par Israël à la bande de Gaza.
À titre de comparaison, l'armée irakienne avec ses blindés, appuyée par l'aviation occidentale avait mis près de neuf mois pour se rendre maître de Mossoul, une ville de deux millions d'habitants, en 2016-2017 alors que l'État islamique, environ 10 000 combattants, avait pareillement truffé les sous-sols de tunnels et passages en tous sens.
Et puis, il faudrait aussi que le Hamas ne reçoive pas d'aide militaire extérieure. La grande crainte de l'armée israélienne serait de devoir se battre sur plusieurs fronts. Il n'est pas impossible que le Hezbollah libanais entre dans la danse en attaquant par le nord. Les quelques échanges de tirs constatés ce lundi sur la frontière Israélo-libanaise ont encore renforcé ces inquiétudes en Israël.
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