Amnesty qualifie "d'apartheid" la politique envers les Palestiniens, Israël s'insurge
Amnesty publie mardi un rapport pour expliquer son choix d'utiliser le terme "apartheid" pour qualifier la politique envers les Palestiniens.L'Etat hébreu dénonce un rapport biaisé.
Malgré les critiques anticipées du gouvernement israélien qui lui a demandé de ne pas le publier, Amnesty International a rendu public mardi 1er février un rapport choc de 211 pages. Selon l'ONG de défense des droits de l'Homme, l'Etat d'Israël mène une politique "d'apartheid" à destination des Palestiniens dans les Territoires occupés depuis 1967 que sont la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est. Mais pour la première fois, elle parle aussi d'un "apartheid" au sein même de l'Etat d'Israël fondé en 1948, à l'encontre des Arabes israéliens, ces Palestiniens devenus citoyens israéliens, qui sont environ 20% de la population.
Le rapport se fonde sur une étude de lois en vigueur en Israël, et la loi "Etat-Nation" votée en 2018 où l'arabe n'est plus langue officielle ; l'impossibilité de fait pour les Arabes israéliens de louer sur 80% des terrains car ils appartiennent à l'Etat qui privilégie des programmes de logements pour les Juifs. Ou bien encore la loi du retour réservée aux Juifs, précise à franceinfo Solomon Frank Sacco, juriste en chef d'Amnesty International. "Israël encourage des Juifs du monde entier à émigrer vers Israël, c'est parfaitement son droit. Cependant, Israël refuse absolument d'autoriser les Palestiniens forcés de fuir en 1948 de revenir en Israël. Cela pour maintenir une majorité israélienne juive à l'intérieur d'Israël. Et une hégémonie à travers tout le territoire."
"Propagande sans examen sérieux"
Tout en dénonçant le choix du mot "apartheid" le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères en emploie un tout aussi fort. Sans répondre sur le fond, il déclare à franceinfo : "L'antisémitisme n'est pas une question du passé mais bien du présent, dit Lior Haiat. En réalité, ce rapport dit que la création d'Israël comme foyer de l'Etat juif, où les Juifs sont majoritaires, est un crime."
Le ministre lui-même, Yair Lapid, ajoute qu'Amnesty "n'est pas une organisation des droits de l'Homme mais juste une organisation radicale supplémentaire, qui fait écho à de la propagande sans examen sérieux." Il développe : "Au lieu de rechercher des faits, Amnesty cite les mensonges propagés par des organisations terroristes. Amnesty ne qualifie pas la Syrie d'État 'd'apartheid' ni l'Iran ou tout autre régime corrompu et meurtrier en Afrique ou en Amérique latine. Je déteste utiliser l'argument selon lequel, si Israël n'était pas un État juif, personne à Amnesty n'oserait s'y confronter. Mais dans ce cas, il n'y a pas d'autre possibilité."
Au micro de franceinfo à Jérusalem, la secrétaire générale d'Amnesty, Agnès Callamard, se défend de ces accusations : "Chaque fois qu’il y a des critiques d’Israël, les autorités attaquent les personnes plutôt que le message. Je veux rappeler qu’Amnesty reconnaît le droit du peuple juif à l’autodétermination, nous reconnaissons l’existence d’un Etat juif, nous demandons seulement que cet Etat juif reconnaisse les droits des populations en son sein, y compris les populations palestiniennes."
Amnesty appelle l'ONU, les alliés proches d'Israël comme les Etats-Unis ou encore la France à dénoncer le système légal en place en Israël.
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