Iran: la communauté internationale préoccupée
Alors que le principal opposant à Mahmoud Ahmadinejad, le modéré Mir Hussein Moussavi, demande l'annulation de cette élection présidentielle qu'il estime truquée, la communauté internationale observe avec une certaine retenue, mais non sans une réelle inquiétude, la suite des événements. Car au-delà des violents affrontements qui éclatent en ce moment à Téhéran entre le camp Ahmadinejad et le camp Moussavi, et que tous condamnent, le dossier du nucléaire iranien est également dans tous les esprits.
Pour le moment, les Etats-Unis refusent d'entériner le résultat de cette élection présidentielle, a indiqué samedi un responsable américain qui a requis l'anonymat. Alors que la réélection d’Ahmadinejad devrait compliquer les efforts du président américain Barack Obama pour surmonter 30 ans d'hostilité entre les deux pays, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a déclaré pour sa part espérer que le résultat du vote reflétait "la véritable volonté et le désir de la population".
Des doutes sur la régularité du scrutin qui depuis ce dimanche commencent à s'exprimer à voix haute. Et c'est le Vice-président en personne, Jo Biden, qui exprime les réserves officielles de la Maison Blanche, estimant que "vu la façon dont ils répriment la liberté d'expression, la façon dont ils répriment la foule, la manière dont les gens sont traités, il y a de vrais doutes " sur la légitimité de la réélection du président Ahmadinejad.
En Israël, ennemi juré de l'Iran, le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a appelé la communauté internationale à agir "sans concession" contre l'Iran et notamment son programme nucléaire controversé.
Du côté de l’Union européenne, on se dit "préoccupé" par les "irrégularités présumées" au cours de l'élection présidentielle en Iran, et les "violences" qui ont suivi, a fait savoir la présidence tchèque dans un communiqué.
Alors que de jeunes Iraniens ont également manifesté leur colère ce week-end à Paris, promettant d'autres rassemblements dans les prochains jours, le Quai d’Orsay a déclaré avoir "pris note des résultats des élections présidentielles en Iran tels qu'ils ont été annoncés par les autorités iraniennes, qui reconduisent, pour un second mandat, M. Ahmadinejad dans ses fonctions à la tête du gouvernement iranien, ainsi que de leur contestation par deux des candidats", a indiqué dans un bref communiqué son porte-parole, Eric Chevallier. " Nous continuons à suivre la situation de près ", a-t-il conclu.
Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a lui observé que le "déroulement de l'élection en Iran soulève de nombreuses questions".
Imperméable aux critiques, le président réélu iranien s’est pour sa part félicité de sa "grande victoire", qu’il qualifie aussi de "grande épopée". " Ce sont des élections totalement libres", a-t-il lancé samedi en réponse aux suspicions de fraudes qui pèsent sur le scrutin. Un scrutin à travers lequel " le peuple iranien a inspiré de l’espoir aux nations, et déçu ceux qui lui souhaitent du mal ", a ajouté Mahmoud Ahmadinejad. Comparant ses détracteurs à "des supporteurs de match de football dont l'équipe a perdu", le président iranien a répété ce dimanche devant des milliers de ses partisans qu'il avait appelé à manifester dans le centre de Téhéran, que l'élection qu'il a remportée était propre et que le résultat n'avait pas été faussé.
Cécile Mimaut, avec agences
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