Iran: l'ayatollah Khamenei appelle à l'unité nationale
L'ayatollah Khamenei, véritable détenteur du pouvoir en Iran depuis 1989, fait face depuis vendredi à l'une des crises politiques les plus graves du régime. A la télévision d'Etat, ce soir, il a semblé vouloir se placer au dessus du conflit qui oppose les quatre candidats au scrutin. A l'image de l'équilibre politique qu'il maintient depuis vingt ans entre les courants réformateur et conservateur, afin d'empêcher l'un comme l'autre d'obtenir un ascendant définitif sur le cours des choses. Afin de rester le maître incontesté de l'Iran.
Ali Khamenei a ainsi demandé aux Iraniens de s'unir derrière le système dirigeant en dépit des manifestations de camps adverses et d'affrontements de rue. "Dans cette élection, les électeurs avaient différentes tendances, mais ils croient également dans le système au pouvoir et soutiennent la République islamique", a déclaré la plus haute autorité iranienne, pour qui le "climat amical" qui prévalait selon lui pendant la campagne "ne doit pas se transformer en climat d'animosité".
Et afin de réconcilier, si c'est encore possible, les parties, le guide suprême iranien s’est dit favorable à un recomptage partiel des bulletins de vote "si l’examen des problèmes" est concluant et "pour que tout le monde soit certain" du résultat. Il a également souligné que les représentants des quatre candidats devraient être présents pour tout recomptage.
La plus haute instance juridique du pays, le Conseil des gardiens, saisi de requêtes en annulation de candidats à la présidentielle, s'était dit plus tôt prêt à recompter les bulletins dans les urnes "sujettes à contestation" . Le Conseil avait ajouté qu'il espérait rendre bientôt son examen des plaintes de Mir Hossein Moussavi, Mehdi Karoubi et Mohsen Rezaï, les trois candidats malheureux.
L'ayatollah Khamenei avait apporté un soutien plus qu'implicite au président Ahmadinejad avant le scrutin de vendredi. Le lendemain, il avait qualifié de "grande fête" l'annonce de sa réélection, alors que Moussavi, principal rival d'Ahmadinejad et Premier ministre d'Ali Khamenei dans les années 80, en contestait déjà les résultats.
Les partisans des deux hommes ont de nouveau manifesté à Téhéran, dans un véritable black-out médiatique, les autorités ayant interdit toute couverture par la presse étrangère des événements.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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