Irak : opérations militaires de Bagdad dans la province de Kirkouk, revendiquée par les Kurdes
Les forces gouvernementales veulent reprendre des positions occupées depuis trois ans par les combattants kurdes. Notamment les champs pétroliers, nombreux dans la région.
Tensions maximales en Irak. Les forces gouvernementales progressent, vendredi 13 octobre, dans le sud de la province pétrolière de Kirkouk (Irak). Leur objectif est de reprendre des positions occupées depuis trois ans par les combattants kurdes dans cette région du nord de l'Irak revendiquée par le Kurdistan autonome. Face à elles, des milliers de peshmergas (combattants kurdes), prêts à "défendre" leurs positions, selon les autorités kurdes, en crise ouverte avec le gouvernement central depuis la tenue, le 25 septembre, de leur référendum d'indépendance contre l'avis de Bagdad.
A l'origine de cette tension territoriale, la percée du groupe Etat islamique dans le pays en juin 2014. Alors que les forces gouvernementales sont dépassées, les combattants kurdes contre-attaquent et mettent la main sur des territoires jusque-là contrôlés par Bagdad. Selon un général irakien, contacté par l'AFP, l'armée a repris "vendredi matin la Base-102, à l'ouest de la ville de Kirkouk, près de l'autoroute menant à Tikrit, désertée sans combat par les peshmergas" dans la nuit.
"Si l'armée s'y avance, nous nous battrons"
Cheikh Jaafar Moustafa, commandant peshmerga dans la province de Kirkouk, a indiqué lors d'une conférence de presse à la mi-journée que les combattants kurdes s'étaient retirés de zones où ils s'étaient avancés pour combattre les jihadistes de l'Etat islamique (EI). "Nous sommes revenus sur nos lignes dans les environs de Kirkouk et nous défendrons la ville de Kirkouk en cas d'attaque, a-t-il ajouté. Si l'armée irakienne s'y avance, nous nous battrons." Des médias kurdes ont évoqué un retrait des peshmergas sur 72 km².
Cheikh Moustafa a en outre affirmé avoir tenté une médiation. "Nous avons informé les commandants militaires présents sur place que nous étions en contact" avec le Premier ministre, Haider Al-Abadi, et "qu'il nous avait dit que nos problèmes seraient réglés par le dialogue sous 48 heures", a-t-il rapporté. "Mais les commandants militaires nous ont répondu qu'ils avaient des ordres leur intimant d'avancer vers ces régions et qu'ils ne se préoccupaient pas des déclarations d'Al-Abadi", a ajouté le commandant peshmerga.
Les champs de pétrole convoités
L'enjeu de cette bataille n'est pas seulement territorial. Il est aussi économique, avec le contrôle des puits de pétrole de la région. Les autorités centrales, par le biais de la société d'Etat, la North Oil Company (NOC), étaient en charge de l'ensemble des champs pétroliers de la riche province de Kirkouk. Mais en 2008, les Kurdes avaient pris le contrôle du champ de Khormala. Et en 2014, dans le chaos créé par l'offensive des jihadistes de l'Etat islamique, ils se sont également emparés de Havana et Bay Hassan.
Les trois champs pétroliers de la province de Kirkouk fournissent 250 000 barils par jour sur les 600 000 barils par jour de pétrole qu'exporte la région du Kurdistan irakien en dépit du refus de Bagdad. Si les Kurdes perdaient ces champs, cela constituerait une perte considérable pour la région autonome qui traverse sa pire crise économique.
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