Témoignage "Je ne ressens plus rien" : un Libanais raconte la perte de sa femme et de son enfant de 4 ans après des bombardements israéliens

Franceinfo a recueilli le témoignage de Mohammad. Cet habitant de la plaine de la Bekaa au Liban, a été victime d’une frappe il y a désormais un peu plus d’une semaine, quand Israël a commencé à lancer des attaques massives à travers tout le pays.
Article rédigé par Virginie Pironon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
de la fumée s'échappe après une frappe aérienne israélienne sur la ville libanaise de Baalbeck dans la vallée de la Bekaa, le 23 septembre 2024. Photo d'illustration. (NIDAL SOLH / AFP)

Mohammad a encore les deux bras en écharpe. Des ligaments ont été sectionnés quand un missile s'est abattu sur sa maison, dans le village de Nabi Aila, près de la ville de Zakhlé, plaine de la Beekaa au Liban. Une région touchée par des bombardements de l'armée israélienne dans la guerre qui oppose l'Etat hébreu au Hezbollah

Tout juste sorti de l'hôpital, à Beyrouth, encore hagard, l'entrepreneur, qui importe du chocolat dans le pays, n'en finit plus de se refaire le film de cette journée d'horreur, le 23 septembre. "Nous étions chez nous et nous avons reçu un message nous disant qu'il fallait quitter le village avant 5 heures, qu'ils allaient bombarder à ce moment-là, raconte-t-il. Mais comme nous n'avons rien à voir avec le conflit, nous avons pensé que nous n'avions pas besoin de partir."

Son fils ne sait pas encore que sa mère et son frère sont morts

Et l'impensable est arrivé avec la mort de son fils de 4 ans et de sa femme, Dina, qui travaillait pour l'agence des Nations unies pour les réfugiés. "Je ne ressens plus rien, littéralement, confie Mohammad. Alors, est-ce qu'Israël a commencé une incursion ? Est-ce qu'ils n'ont pas commencé ? Est-ce que la guerre a commencé ? J'en ai rien à foutre, désolé de parler comme ça."

"Je viens de subir une immense perte, plus rien ne me rendra heureux. Je suis très fatigué, je ne ressens plus rien."

Mohammad, Libanais

à franceinfo

Désormais, la seule chose qui compte pour Mohammad est de revoir bientôt Adam, son fils de 7 ans toujours hospitalisé. "Il a été blessé à l'œil, il a des brûlures au visage et aussi au dos, détaille le Libanais. Il a une blessure à la jambe. Il va mieux, mais il a besoin de temps. Je ne sais pas s'il retrouvera la santé à 100%, mais j'espère qu'il se remettra."

Le petit garçon ne sait pas encore que sa mère et son frère sont morts dans cette attaque et que son père a été grièvement blessé. Il va falloir tout lui dire, explique Mohammad, de façon très progressive, avec l'aide d'un psychologue.

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