Guerre au Proche-Orient : un avion d'Air France a survolé l'Irak pendant l'attaque de missiles iraniens sur Israël

L'appareil volait au-dessus du sud de l'Irak quand le premier tir de missiles iraniens a été signalé. L'avion a pu quitter l'espace aérien du pays un peu plus tard. Un porte-parole de la compagnie a annoncé l'ouverture d'une enquête interne.
Article rédigé par franceinfo
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Des avions de la compagnie Air France sur le tarmac de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, près de Paris, le 26 avril 2023. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Un avion d'Air France se trouvait au-dessus de l'Irak quand l'Iran a tiré ses premiers missiles en direction d'Israël le 1er octobre, révèle la chaîne LCI, mercredi 9 octobre. Contactée par franceinfo, la compagnie aérienne a confirmé que "ce vol, reliant Paris Charles-de-Gaulle à Dubaï, survolait le sud de l'Irak quand l'attaque iranienne a débuté, vers 16h45 heure universelle".

Le survol des espaces aériens libanais et iranien était déjà suspendu, explique Air France, tandis que le survol de l'espace aérien irakien "était limité à un corridor spécifique" utilisé par toutes les compagnies aériennes. "Le 1er octobre 2024, des informations ont permis d'identifier une attaque à venir d'Israël par l'Iran avec l'envoi de missiles balistiques, rappelle la compagnie aérienne. En conséquence, et sans attendre des instructions des autorités irakiennes, Air France a décidé de suspendre le survol de l'espace aérien du pays par ses avions à compter de 17 heures, heure universelle (soit 19 heures à Paris)", précise la compagnie dans son communiqué.

Deux autres vols d'Air France déroutés

L'attaque avait déjà débuté depuis un quart d'heure, puisque les premiers missiles ont été signalés à 16h45, heure universelle. Ce Boeing 777-300ER se trouvait, à ce moment-là, à proximité de la ville irakienne d'Al-Amara, à une altitude d'environ 35 000 pieds, soit 10,5 kilomètres.

Le vol AF662 d'Air France survolait l'Irak à 16h45, au moment où l'Iran a débuté son attaque de missiles à destination d'Israël. (GOOGLE EARTH)

Le suivi radar confirme que l'appareil a bien quitté l'espace aérien irakien aux alentours de 17 heures. "L'espace aérien irakien n'a été officiellement fermé par les autorités locales qu'à 17h56 heure universelle", précise Air France, assurant donc avoir pris les devants car "la sécurité de ses clients et de ses équipages est sa priorité absolue". La compagnie ajoute que deux vols ont été déroutés dans ce contexte : le vol AF218 entre Paris et Bombay a fait demi-tour, tandis que le vol AF257 entre Singapour et Paris a atterri à Delhi, afin de faire le plein, car le parcours a dû être allongé pour éviter la région.

Un "rapport de sûreté" émis par trois syndicats

Cette situation aurait dû être évitée, selon d'autres sources. "Le pilote a eu la confirmation qu'il s'agissait de missiles une fois au sol, par les médias", explique à franceinfo David Buchard, pilote membre du syndicat Alter. L'organisation syndicale a publié une analyse, heure par heure, des événements, en faisant notamment observer qu'il était 16 heures (heure universelle) quand l'avion a pénétré le corridor irakien. A ce moment-là, assure le syndicat, cela faisait déjà une heure et quarante minutes que les médias américains annonçaient que l'Iran préparait une attaque imminente. Trois autres appareils de la compagnie Lufthansa ont fait demi-tour avant même d'arriver au corridor et un quatrième a modifié son plan de vol pour passer par l'Egypte, toujours selon cette source, qui présente des captures d'écran.

Un porte-parole d'Air France a précisé à l'AFP qu'une enquête interne avait été ouverte sur cet événement. "Les trois syndicats représentatifs ont émis un rapport de sûreté en analysant les horaires et les données radar, en voyant que tous les autres vols avaient fait demi-tour", explique David Buchard, qui dénonce "une culture de la rentabilité depuis l'arrivée de Benjamin Smith aux commandes du groupe" Air France-KLM. L'enquête interne devra déterminer "pourquoi ce vol s'est retrouvé là", conclut-il. Contacté par franceinfo, le Syndicat des pilotes d'Air France n'a pas souhaité commenter l'affaire.

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