Guerre au Proche-Orient : ce que l'on sait des frappes israéliennes menées en Iran
Israël a annoncé samedi 26 octobre avoir mené des frappes "précises et ciblées" en Iran, avec pour objectif revendiqué "de toucher des sites de fabrication de missiles". Ces bombardements menés en réponse à des tirs de missiles iraniens, début octobre sur Israël, interviennent alors que le conflit régional s'intensifie, notamment à la frontière entre le Liban et Israël, plus d'un an après les attaques terroristes du 7 octobre.
Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de ces frappes, condamnées par l'Arabie saoudite, l'Irak et le Hamas, mais considérées par Washington comme des "manœuvres d'autodéfense".
Des frappes "précises et ciblées" sur des sites militaires iraniens
L'armée israélienne a déclaré avoir mené des frappes "précises et ciblées" visant des installations de fabrication de missiles, des batteries de missiles sol-air et d'autres systèmes aériens. L'Iran a confirmé une attaque de l'Etat hébreu contre des sites militaires dans la capitale et dans deux provinces limitrophes de l'Irak. Les premières détonations ont retenti vers 2h15 (0h15 heure de Paris), principalement à l'ouest de Téhéran, selon l'agence de presse officielle Irna.
Après une série de six explosions rapportées dans la nuit par la télévision d'Etat, des détonations continues accompagnées de traînées lumineuses dans le ciel ont été entendues et vues depuis le centre de Téhéran par des journalistes de l'AFP. Les six premières sont "liées à l'activation du système de défense aérienne contre l'opération du régime sioniste qui a attaqué trois sites à la périphérie de Téhéran", avait précisé la télévision d'Etat, en référence à Israël, pays que la République islamique ne reconnaît pas.
Ces frappes interviennent "en réponse à des mois d'attaques continues du régime iranien contre l'Etat d'Israël", en particulier après les 200 tirs de missiles effectués le 1er octobre sur l'Etat hébreu, a déclaré l'armée israélienne dans un communiqué. "Notre message est clair : tous ceux qui menacent l'Etat d'Israël et tentent de plonger la région dans une escalade plus large paieront un prix élevé", a affirmé le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l'armée, alors que l'Iran avait promis ces dernières semaines de riposter en cas d'attaque israélienne.
De son côté, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a martelé samedi que son pays avait le "devoir de se défendre contre les actes d'agression étrangers". Il a notamment cité la "base du droit inhérent de légitime défense qui figure à l'article 51 de la Charte des Nations unies".
Quatre militaires tués
"Le commandement de la défense aérienne de la République islamique d'Iran a confirmé (...) que ces attaques avaient causé des dégâts limités", a rapporté dans un premier temps Irna, l'agence de presse du régime. "Aucun incendie ou explosion" n'a été signalé à la principale raffinerie de Téhéran, a précisé l'agence de presse iranienne Tasnim. En fin de matinée, la télévision d'Etat a toutefois annoncé la mort de deux militaires iraniens, tués alors qu'ils "affrontaient des projectiles" pour "défendre" le territoire de la République islamique. Deux autres soldats sont morts, a annoncé plus tard l'armée, dans la soirée.
Par ailleurs, l'aviation civile iranienne a annoncé dans la matinée la reprise progressive des vols dans son espace aérien, après une brève suspension au cours de la nuit.
Les pays du Moyen-Orient mettent en garde contre une "escalade"
Allié du régime iranien, le Hamas a condamné "avec la plus grande fermeté" les frappes israéliennes. Elles représentent, selon le mouvement islamiste palestinien, "une violation flagrante de la souveraineté iranienne et une escalade qui menace la sécurité de la région".
Rivale de l'Iran au Moyen-Orient, l'Arabie saoudite a également condamné ces frappes. Riyad a réitéré sa "position ferme de rejet de l'escalade du conflit dans la région", qui "menace la sécurité et la stabilité des pays et des peuples" au Moyen-Orient, a déclaré le ministère des Affaires étrangères sur X.
De son côté, l'Irak a mis en garde contre les "conséquences dangereuses" du "silence" international face à Israël. La Syrie, qui a une frontière avec Israël, soutient "le droit à se défendre" de Téhéran. Le Pakistan a aussi "condamné" ces frappes, faisant porter "l'entière responsabilité de l'escalade et de l'extension du conflit" à Israël, qu'il ne reconnaît pas non plus.
Les Etats-Unis soutiennent des "manœuvres d'autodéfense"
Du côté occidental, les Etats-Unis ont justifié les frappes israéliennes. "Nous comprenons qu'elles constituent des manœuvres d'autodéfense et viennent en réponse à l'attaque de missiles balistiques iraniens contre Israël le 1er octobre", a expliqué dans un communiqué Sean Savett, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de l'exécutif américain. "Nous exhortons l'Iran à cesser ses attaques contre Israël", afin d'éviter une escalade, a-t-il déclaré plus tard. Les Etats-Unis ont été informés préalablement par Israël de ses frappes contre l'Iran, mais ne sont pas impliqués dans l'opération, a fait savoir un responsable de la défense américaine.
"L'Iran ne doit pas répondre. (...) Il est clair qu'Israël a le droit de se défendre contre l'agression iranienne, et il est tout aussi clair que nous devons éviter une nouvelle escalade régionale, et j'exhorte toutes les parties à faire preuve de retenue", a déclaré le Premier ministre britannique, Keir Starmer, lors d'une conférence de presse au sommet du Commonwealth à Apia, aux Samoa.
La France a appelé les parties en présence "à s'abstenir de toute escalade et action susceptibles d'aggraver le contexte d'extrême tension" au Moyen-Orient, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
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