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Egypte : la rue toujours mobilisée, malgré le couvre-feu et les "gestes" de Moubarak

Encore des dizaines de milliers de manifestants ont envahi les rues égyptiennes, et ce malgré le nouveau couvre-feu entré en vigueur en fin d'après-midi. Ces manifestations ont à nouveau parfois dégénéré. Les sources médicales dressent un bilan d'au moins 90 morts et des milliers de blessés en deux jours. _ Pendant ce temps-là, en hauts lieux, le gouvernement a démissionné, et Moubarak nommé deux militaires vice-président et Premier ministre. "{Insuffisant}" pour une grande partie des manifestants qui veulent le départ pur et simple du Raïs.
Article rédigé par franceinfo
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Une foule moins nombreuse, mais déterminée est toujours réunie ce samedi soir place Tahrir, épicentre de la contestation. Des manifestants qui n'ont jamais relâché la pression, même passé l'heure du nouveau couvre-feu, avancé à 16h00 heure locale ce samedi.

Des incidents avaient pourtant éclaté plus tôt dans l'après-midi, quand des protestataires ont tenté de prendre d'assaut le ministère de l'Intérieur. La police a tiré sur la foule des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes. À Alexandrie, Rafah, Ismaïlya Mansoura aussi elle a usé de la force. La police qui n'est plus du tout en odeur de sainteté, puisque près de 60% des postes de police du pays auraient été incendiés, selon les services de sécurité, dont 17 au Caire. Un corps particulièrement décrié, tandis que l'armée elle continue d'entretenir des relations pacifiques avec les insurgés.

Le bilan des troubles serait, selon les hôpitaux égyptiens, de plus de 90 morts et des milliers de blessés depuis ce vendredi où la contestation a commencé à prendre une toute nouvelle ampleur. On a appris notamment dans la soirée la mort de dix-sept personnes tuées dans des accrochages à Béni Soueif, à une centaine de kilomètres au sud du Caire. La police les auraient abattues alors qu'elles tentaient d'attaquer deux commissariats.

Des militaires nommés aux postes clé de l'État

Hosni Moubarak a tenté de calmer les esprits, en nommant un vice-président, le premier depuis son accession au pouvoir. Un militaire, le patron du renseignement, Omar Souleïmane, homme respecté, mais craint. Apprécié de l'élite et d'une partie de l'opposition. Mais un personnage très proche du Raïs. Sa nomination pourrait donc ne pas emporter l'adhésion de manifestants qui réclament d'abord le départ d'Hosni Moubarak.
_ Le président a aussi nommé son ancien ministre de l'Aviation, le général Ahmad Chafic, Premier ministre. Il s'agit là encore d'un militaire.

L'opposant Mohammed ElBaradeï, ex-chef de l'Agence internationale de
l'énergie atomique et prix Nobel de la paix, a lui aussi jugé ces nominations insuffisantes. Et appelé Hosni Moubarak à partir sans
délai pour le bien de l'Égypte.
_ La communauté internationale, pendant ce temps-là, a multiplié les appels à la réforme. Dans une déclaration conjointe, Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et David Cameron, ont appelé, ce samedi soir, le président égyptien à "engager un processus de changement" face aux "revendications légitimes" de son peuple et à "éviter à tout prix l'usage de la violence contre des civils". Le président Barack Obama lui a réuni son conseil à la sécurité nationale et exhorté Moubarak à faire preuve de retenue.

La peur des pillages

C'est ce que craignent ce soir les Cairotes. L'armée a appelé la population à s'armer et se protéger des pillards. Des habitants se sont donc rapidement constitués en comités de quartier, armés de gourdins, de machettes et de barres de fer. Une rumeur court selon laquelle des prisonniers auraient profité des troubles pour s'évader et venir vider banques, grands magasins ou commissariats.

Cet après-midi aussi, de jeunes Égyptiens ont formé une chaîne humaine autour du Musée national du Caire, qui recèle des momies et pièces antiques d'une valeur inestimable.

Sur place enfin, les services de téléphonie mobile, coupés comme l'Internet vendredi pour déjouer les plans des manifestations, ont été partiellement rétablis. Mais l'Internet ne semble toujours pas accessible.

Cécile Quéguiner, avec agences

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