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Egypte : l'armée prête à quitter le pouvoir si un président est élu dès le 1er tour

C'est ce qu'a déclaré son chef d'état-major, selon la télévision publique. Dans la journée, des heurts entre des individus non identifiés et des opposants à l'armée au pouvoir ont fait au moins vingt morts au Caire.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des manifestants contre l'armée au pouvoir évacuent un homme blessé, au Caire (Egypte), le 2 mai 2012. (KHALED DESOUKI / AFP)

"Nous étudions une remise du pouvoir le 24 mai en cas de victoire d'un président au premier tour de l'élection." C'est ce qu'a déclaré mercredi 2 mai Sami Anan, chef d'état-major de l'armée égyptienne, selon la télévision publique du pays. Ces propos interviennent après la mort d'au moins vingt personnes dans des violences au Caire contre l'armée au pouvoir.

• Que s'est-il passé au Caire mercredi ?

Des individus non identifiés ont attaqué mercredi à l'aube des personnes rassemblées depuis plusieurs jours pour réclamer le départ des militaires qui dirigent le pays. De violents affrontements ont éclaté. Les deux camps ont échangé pendant des heures des jets de pierres et des cocktails Molotov, tandis que des personnes, le corps en sang, étaient battues à coups de barre de fer dans des scènes de lynchage en pleine rue.

Des coups de feu étaient ont été entendus. L'armée et la police anti-émeutes ont installé un cordon de sécurité pour tenter de séparer les deux camps, et sont finalement intervenues pour arrêter les heurts.

Les heurts entre manifestants continuent au Caire ( REUTERS)

Parmi les protestataires figuraient des partisans du leader salafiste Hazem Abou Ismaïl. Ils campaient dans le secteur depuis samedi à la suite de l'exclusion par la commission électorale de sa candidature à la présidentielle, prévue les 23 et 24 mai. La plupart de ses partisans criaient au "complot" et refusent son exclusion. 

Dimanche avant l'aube déjà, une personne avait été tuée et 119 blessées dans des affrontements entre ces mêmes partisans et des personnes présentées comme des habitants du quartier d'Abbassiya.

"Nous souhaitons voir le gouvernement égyptien mener une enquête sur ces événements et tenir pour responsables les auteurs de ces violences. Nous défendons de manière claire le droit de tous les individus à manifester pacifiquement", a réagit Washington. Le porte-parole adjoint du département d'Etat Mark Toner a expliqué que les Etats-Unis sont "très inquiets des récents actes de violence en Egypte" et ajouté que son pays voulait "voir la fin immédiate de ces violences".

• Quelles conséquences sur la campagne présidentielle ?

Dans ce climat houleux, l'armée égyptienne est prête à quitter le pouvoir dès le 24 mai en cas de victoire de l'un des candidats à la présidentielle dès le premier tour. Dans tous les cas, les militaires ont promis de remettre le pouvoir aux civils avant la fin juin, une fois le nouveau président élu : le second tour de la présidentielle a lieu les 16 et 17 juin. Le Conseil suprême des forces armées est à la tête du pays depuis que Hosni Moubarak lui a remis le pouvoir en démissionnant sous la pression populaire en février 2011.

De leur côté, le candidat des Frères musulmans à la présidentielle, Mohamed Morsi, et le candidat islamiste Abdel Moneim Aboul Foutouh ont décidé de suspendre leur campagne pour la journée de mercredi. Tout comme l'avocat de gauche Khaled Ali. 

La campagne présidentielle s'est officiellement ouverte lundi. Ce scrutin se déroule dans un climat d'ouverture inédit pour une présidentielle en Egypte, après des décennies d'élections-plébiscites largement boudées par les électeurs faute d'enjeu réel.

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