Mohammed Ben Salmane à l'Élysée : levée de bouclier chez les membres de l'opposition
Le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane est reçu à l'Elysée jeudi 27 juillet au soir pour un diner officiel. Une visite très critiquée par les organisations de défense des droits humains comme chez les membres de l'opposition.
"Choquante", "scandaleuse", la réception du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane à l'Élysée provoque la colère de l'ensemble de la gauche. Pour sa première visite en Europe depuis l'assassinat en octobre 2018 du journaliste Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien à Istanbul, en Turquie, Mohammed Ben Salmane, dit MBS, dîne ce soir avec Emmanuel Macron.
La gauche s'insurge
Outre les association de défense des droits humains, c'est une levée de bouclier à gauche. "Ça dit à quel point nous sommes prêts à des compromissions sur les valeurs que nous portons pour du pétrole. L'Arabie saoudite, qui est le pays qui punit l'homosexualité de la peine de mort, qui tue sans aucune vergogne la population civile du Yémen", lâche la député écologiste Sandrine Rousseau.
Le prince héritier saoudien est accusé de complicité de torture et de disparition forcée en lien avec l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. De quoi interroger aussi les membres du Rassemblement national, mais Julien Odoul veut surtout souligner le "deux poids-deux mesures" de la diplomatie française.
"C'est un signal assez détestable que la France soit à genoux devant l'Arabie Saoudite."
Julien Odoul, député Rassemblement nationalà franceinfo
Le député RN de l'Yonne n'hésite pas à qualifier Riyad de "dictature" et déplore que "le pouvoir français donne des leçons de morale sur la Russie ou sur d'autres pays" alors qu'il reçoit le prince héritier.
"Un dialogue pragmatique"
Face à ces réactions virulentes, du côté des Républicains, on se montre plus prudent étant donné le contexte international. À la faveur de la guerre en Ukraine et de l'envolée des prix du pétrole, le prince héritier saoudien est de nouveau fréquentable. "Si on se prive du pétrole russe, il faut trouver d'autres sources d'approvisionnement, d'autres partenaires. Donc ça peut être l'Arabie Saoudite. Donc il faut avoir un dialogue pragmatique", souligne le député LR Vincent Seitlinger. Mais pour ce député, cela ne doit pas empêcher une grande "franchise" sur la question des droits de l'Homme.
De son côté, l'Élysée fait savoir qu'Emmanuel Macron "abordera la question des droits de l'Homme" avec le prince héritier saoudien. La Première ministre, en déplacement ce jeudi dans les Vosges, a indiqué sur franceinfo "comprendre tous ceux qui sont vigilants sur [ces] questions" mais a qualifié MBS de "partenaire" dans le cadre de la guerre en Ukraine et de la hausse des prix de l'énergie. "C'est important d'avoir ces échanges sans renoncer en rien à nos objectifs, à nos valeurs et au respect des droits de l'Homme", a estimé Elisabeth Borne.
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