Coups de fouet et prison ferme confirmés pour le blogueur saoudien
L'épouse de Raef Badawi s'est dit "choquée" par la décision de la Cour suprême saoudienne.
Ensaf Haidar espérait "qu'à l'approche du ramadan", les juges fassent preuve de clémence envers son mari. Ce ne fut pas le cas. La Cour suprême d'Arabie saoudite a confirmé, dimanche 7 juin, la peine de 10 ans de prison et de 1 000 coups de fouet contre le blogueur saoudien Raef Badawi pour "insulte à l'islam". Une décision irrévocable qui s'accompagne d'une amende d'un million de riyals (240 000 euros).
Interrogée au téléphone depuis le Canada où elle s'est réfugiée avec ses trois enfants, Ensaf Haidar s'est dit "choquée" par la décision que la Cour suprême a rendue "trois mois après avoir été saisie de l'affaire". L'épouse du blogueur, qui a fait campagne en Europe pour défendre la cause de Raef Badawi, n'a pas caché sa déception après "cette décision de la Cour suprême, finale et sans appel".
Raef Badawi, condamné en 2014, a subi une première séance de flagellation le 9 janvier, mais les séances suivantes ont été repoussées, d'abord pour des raisons de santé, puis pour des motifs non précisés. Son épouse a indiqué craindre que les séances de flagellation reprennent rapidement, peut-être "à partir de la semaine prochaine".
"Un jugement cruel et injuste"
Animateur du site internet Liberal Saudi Network et lauréat 2014 du prix Reporters sans frontières (RSF) pour la liberté de la presse, Raef Badawi est emprisonné depuis 2012. Farouche défenseur de la liberté d'expression, son site internet avait demandé la fin de l'influence religieuse dans le royaume saoudien, régi par le wahhabisme, une version stricte de l'islam.
Sa condamnation a été critiquée un peu partout dans le monde. Dimanche, Amnesty International s'est insurgée contre la décision de la Cour suprême saoudienne. "Il est odieux que ce jugement cruel et injuste ait été maintenu", a ainsi dit Philip Luther, directeur d'Amnesty pour le Moyen-orient et l'Afrique du nord. En refusant de revenir sur cette condamnation, les autorités saoudiennes "ont fait montre d'un mépris impitoyable vis-à-vis de la justice et des dizaines de milliers de voix qui ont appelé à sa libération immédiate et inconditionnelle à travers le monde", a-t-il ajouté.
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