Ballet diplomatique pour "une transition en bon ordre" en Egypte
Principale crainte des Américains : l'installation d'un régime islamiste. Cette peur explique la prudence des Américains depuis le début de la contestation, il y a cinq jours. Pas question pour eux que le vide laissé par le départ éventuel du Raïs ne profite aux Frères musulmans.
Pourtant, après six jours de manifestations, Washington ne pouvait pas continuer à se draper dans cette prudence, et continuer à n'appeler qu'à "la retenue". Après avoir menacé vendredi de suspendre ses 1,3 milliard de dollars d'aide militaire annuelle à l'Égypte en l'absence de réforme, les autorités américaines ont franchi un nouveau pas ce dimanche. Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine, a appelé sur la chaîne CBS à "une transition en bon ordre".
_ Barack Obama, après s'est entretenu avec le roi Abdallah d'Arabie Saoudite et les Premiers ministres turc Tayyip Erdogan et israélien Benjamin Netanyahu, s'est lui aussi dit favorable à "une transition vers un gouvernement sensible aux aspirations du peuple égyptien ". Dans la soirée enfin, le secrétaire à la Défense Robert Gates et
le plus haut gradé américain, l'amiral Mike Mullen, se sont entretenus au
téléphone avec leurs homologues égyptiens.
Un exercice d'équilibrisme pour les Américains, "pour ne pas abandonner trop vite leur allié de 30 ans, sans tourner non plus le dos à la rue et aux
exigences légitimes des manifestants", analyse le chercheur Jon Alterman, expert du Centre d'études
stratégiques et internationales (CSIS). Mais Washington n'est pas tout seul. Ce dimanche, Barack Obama s'est aussi entretenu avec le Premier ministre britannique David Cameron pour s'assurer qu'Américains et Européens parlent le même langage. Un communiqué de Downing Street confirme.
"Va-t-en, espèce de lâche, agent des Américains !"
La veille, dans une déclaration commune, la chancelière allemande Angela Merkel, le président français
Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron ont appelé
Hosni Moubarak à "engager un processus de changement" face aux "revendications
légitimes" de son peuple et à "éviter à tout prix l'usage de la violence contre
des civils". Ils l'ont exhorté à "engager un processus de changement qui se
traduise à travers un gouvernement à représentation élargie et des élections
libres et justes".
Que pensent les manifestants de ces initiatives diplomatiques, notamment en provenance de Washington ? Sur le sol, place Tahrir au Caire, ils ont peint ces mots à l'adresse de Moubarak en énormes caractères :
"Va-t-en, espèce de lâche, agent des Américains !"
Cécile Quéguiner, avec agences
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