Alain Juppé est contre l'envoi de forces sur le terrain en Libye, mais Londres va y dépêcher des conseillers militaires
Le ministre français des Affaires étrangères, "tout à fait hostile" à cette option, a jugé mardi qu'il revenait à la rébellion d'assurer le guidage des chasseurs-bombardiers de l'Otan.
Londres a annoncé qu'il allait dépêcher des conseillers militaires auprès du Conseil national de transition qui représente la résistance libyenne à Benghazi.
Selon le Foreign Office, une équipe de "militaires expérimentés" va renforcer la cellule diplomatique britannique déjà créée dans la place forte des rebelles.
Elle devra "conseiller le Conseil national de transition sur la façon d'améliorer ses structures d'organisation militaires, ses communications et sa logistique, ainsi que sur les meilleurs moyens de distribuer l'aide humanitaire et l'assistance médicale". Ce déploiement "est strictement en ligne avec les termes de la résolution 1973 des Nations unies, qui prévoit la protection des civils mais exclut toute force d'occupation du sol libyen", souligne le ministère britannique des Affaires étrangères.
Les militaires britanniques "ne seront pas impliqués dans l'entraînement ou l'armement des forces d'opposition" et "ne participeront pas à la préparation ou à l'exécution d'opérations du Conseil".
Face à l'enlisement qui menace après un mois de bombardements en Libye, les pays de l'Otan se disputent sur la nécessité d'intensifier les frappes ou sur la fourniture d'armes aux rebelles.
A Misrata, les rebelles demandent l'intervention au sol
Un responsable des rebelles qui contrôlent Misrata, ville libyenne assiégée depuis des semaines par les forces pro-Kadhafi, a indiqué mardi qu'ils demandaient formellement l'intervention de troupes occidentales au sol pour assurer leur protection. "S'ils ne viennent pas, nous allons mourir", a-t-il déclaré.
"Nous n'avons accepté (jusqu'à présent) la présence d'aucun soldat étranger dans notre pays, mais désormais, nous sommes confrontés aux crimes de Kadhafi et nous demandons sur la base de principes humanitaires et islamiques que quelqu'un vienne et fasse cesser la tuerie". Il souligne que le Coran stipule qu'en cas d'impossibilité pour des musulmans d'apporter leur aide, il est acceptable d'être aidé par des chrétiens.
Alain Juppé opposé à l'envoi de forces sur le terrain
"Je reste pour ma part tout à fait hostile à un déploiement de forces sur le terrain", a affirmé mardi à l'Association de la presse diplomatique à Paris, Alain Juppé. Interrogé sur la demande lundi du président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, Axel Poniatowski (UMP), d'envoyer en Libye 200 à 300 membres de forces spéciales de pays de l'Otan pour aider la rébellion et mieux guider les avions de la coalition sur les objectifs du régime de Mouammar Kadhafi.
"Il appartient au Conseil national de transition et ses troupes de faire ce travail", a ajouté le ministre français des Affaires étrangères. "Ils peuvent jouer ce rôle sans qu'il soit nécessaire de déployer des forces au sol", a-t-il insisté.
"Je suis particulièrement indigné par le sort qui est fait à (la population de) Misrata", a aussi déclaré Alain Juppé. "Les conditions météorologiques ne sont pas toujours favorables (...) mais un canon ça se voit", a-t-il ajouté, semblant à nouveau mettre en cause l'Otan dans sa conduite des opérations.
Pour Alain Juppé, la situation militaire en Libye est aujourd'hui "difficile, confuse" et une solution politique est nécessaire dans la mesure où il est "probable (...) qu'il n'y aura pas de solution militaire"."Ce qu'on a peut-être sous-estimé, c'est (la) capacité d'adaptation" de Mouammar Kadhafi", a-t-il ajouté.
Frappes aériennes plus intenses, selon Fillon
"La France va "intensifier" ses frappes aériennes en Libye pour protéger les civils contre les forces de Kadhafi, a déclaré mardi à Kiev le Premier ministre François Fillon , tout en appelant à "trouver une solution politique" au conflit.
Excluant à nouveau tout déploiement de forces au sol, il a rappelé que la France intervenait en Libye au sein d'une coalition internationale agissant sur mandat de l'Onu, "un mandat que nous respectons à la lettre", a-t-il assuré.
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