Affrontements meurtriers dans les rues de Beyrouth
Il n'aura fallu attendre que quelques minutes après la fin de la conférence de presse du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah pour que les armes prennent la parole. Des tirs de roquettes et d'armes automatiques ont été signalées dans plusieurs quartiers mixtes de Beyrouth, où cohabitent chiites et sunnites. Les combats, qui se poursuivent ce matin, ont fait onze morts et une vingtaine de blessés, selon des responsables de la sécurité libanaise.
Les partisans armés de l'opposition menée par le Hezbollah contrôlent désormais plusieurs quartiers sunnites de l'ouest de la capitale. Le mouvement chiite a aussi forcé tous les médias appartenant à la famille du leader de la majorité antisyrienne, Saad Hariri, à fermer. Une roquette a par ailleurs touché ce matin le mur d'enceinte de la résidence Hariri, sans faire de victimes...
Lancé depuis mercredi dans une campagne de désobéissance, le Hezbollah met sous pression le gouvernement. Au cours de sa conférence de presse, Hassan Nasrallah l'a accusé d'avoir “déclaré la guerre” au mouvement d'opposition.
Le leader chiite accuse le gouvernement de vouloir démanteler un réseau de télécommunications mis en place à travers tout le pays par le Hezbollah. Hier après-midi, il a promis de “trancher les main” de ceux qui chercheraient à toucher au réseau.
Des routes hérissées de barricades
Le Liban s'isole de plus en plus. Pour le troisième jour consécutif, les chiites bloquent l'aéroport international. Les partisans du gouvernement ont coupé la route reliant Beyrouth au sud chiite. Les routes pour la Syrie se hérissent aussi de barricades. Et le port de Beyrouth a cessé ce matin toute activité en raison de combats.
Hier soir, le chef de la majorité anti-syrienne au parlement a appelé Hassan Nasrallah à lever le “siège” de Beyrouth.
Les observateurs internationaux sont de plus en plus inquiets. Un représentant de l'ONU sur place accuse le Hezbollah de disposer “d'une infrastructure paramilitaire massive” qui représente “une menace pour la paix et la sécurité régionales”. L'Italie envisage déjà de revoir les règles d'engagement de ses soldats sur place.
Grégoire Lecalot, avec agences
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