60 ans après, Israël entre doutes et espoirs
Et si Ariel Sharon, figure tutélaire de l'Etat d'Israël, n'en était pas tout simplement le meilleur symbole ? Plongé dans le coma depuis janvier 2006, l'ancien Premier ministre a été de tous les combats, de tous les conflits militaires et/ou politiques de son pays.
_ Honni par une bonne partie du monde arabe pour son attitude lors de massacres au Liban, et son coup d'éclat déclencheur de la "seconde Intifada", Ariel Sharon est presque une idole chez lui. Homme de fer, homme à poigne, il représente pour un certain nombre d'Israéliens la figure du père autoritaire, nationaliste et porteur d'espoir. Si Sharon venait à décéder, ce serait une page de l'histoire d'Israël, et bien plus, qui serait ainsi tournée.
Soixante ans après sa création, l'Etat hébreu cultive de nombreux paradoxes. Supposés irréconciliables, Arabes et Juifs cohabitent pourtant, travaillent et grandissent ensemble. Des jeunes urbains fortunés font la fête comme si chaque nuit était la dernière, avec parfois en tête la peur d'un attentat, même si ceux-ci sont moins fréquents ces dernières années à Jérusalem ou Tel-Aviv. L'âge médian y est de 29 ans, et 30% des habitants ont moins de 14 ans.
Une croissance de 23% en 5 ans
Très liée, notamment via des échanges et des investissements, à celle des Etats-Unis, l'économie israélienne affiche depuis de nombreuses années une très belle santé. La croissance du produit intérieur brut (PIB) a été de plus de 5% trois ans de suite, pour s'établir à 5,2% en 2007. En 2006, le pays a connu un record d'investissements étrangers avec un total dépassant les 23 milliards de dollars. L'an passé, l'excédent commercial a atteint 5,3 milliards.
Sur le plan politique, les Israéliens semblent presque orphelins de Sharon. Son successeur (depuis 2006) Ehud Olmert est très impopulaire, en partie pour sa gestion du conflit au Liban, cet été-là. Et dans sa propension à se tourner vers les "anciens" (Barak, Netanyahu), le pays attend son nouveau leader.
Enfin, la question de la paix a bien évidemment fait son chemin parmi un peuple lassé par des décennies de conflits meurtriers, et conscient de certaines injustices faites aux Palestiniens. Aujourd'hui cependant, face aux impasses diplomatiques, 66% d'entre eux ne croient pas à la création d'un Etat palestinien dans les cinq ans. Et 71% refusent un changement du statut de Jérusalem.
Matteu Maestracci
Dossier "Israël, le rêve inachevé" à lire dans le hors-série Le Monde 2
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