Prison de Guantanamo : les premières procédures de l'ère Obama déjà contestées
Le procès proprement dit d'Omar Khadr, arrêté en Afghanistan à 15 ans, doit s'ouvrir aujourd’hui avec la sélection d'un jury et rentrer dans le vif des débats dès demain, selon les deux parties.
Mais hier, lors de la dernière audience préliminaire à ce procès, le juge Patrick Parrish a créé la surprise en rejetant la demande de la défense que les “aveux” qu'Omar Khadr a pu faire dans les prisons de Bagram puis de Guantanamo ne puissent pas servir de base à l'accusation.
Le juge Parrish qui a pris le dossier en charge sous l'administration Bush avec des règles moins strictes pour l'accusation, n'a pas justifié sa décision. La réforme très contestée des tribunaux militaires d'exception de Guantanamo préparée par l'administration Obama et votée par le Congrès à l'automne 2009 prévoit que “aucune déclaration obtenue sous la torture ou par un traitement cruel, inhumain ou humiliant, qu'elle ait été obtenue sous couvert de la loi ou non, ne peut être admise par une commission militaire” .
Le juge Patrick Parrish avait écouté en avril pendant près d'une semaine les témoignages des différents militaires et agents fédéraux qui ont interrogé Omar Khadr. Outre les privations de sommeil ou les positions inconfortables, un des interrogateurs avait raconté avoir inventé un scénario de viol pour l'impressionner.
“C'est une honte” , a estimé à l'issue de l'audience Denis Edney, avocat civil canadien du jeune homme.
Âgé aujourd'hui de 23 ans, dont huit à Guantanamo, Omar Khadr est le fils d'un haut responsable d'Al-Qaïda mort en 2003 et est poursuivi pour meurtre.
L'armée américaine l'accuse d'avoir lancé la grenade qui a tué un soldat américain lors d'une bataille fin juillet 2002 en Afghanistan.
Ses avocats dénoncent “le premier procès d'un enfant-soldat de l'histoire moderne" .
Dans la deuxième salle d'audience de Guantanamo, le Soudanais Ibrahim Al Qosi, ancien cuisinier et chauffeur de Oussama ben Laden, a commencé à comparaître pour connaître la longueur de sa peine après avoir plaidé coupable début juillet de complot et de soutien matériel au terrorisme.
Les termes de l'accord de plaider coupable passé entre M. Al Qosi et le gouvernement américain sont restés secrets. La juge militaire Nancy Paul en charge du dossier a annoncé hier qu'ils le resteraient dans l'intérêt de M. Al Qosi.
Le porte-parole de l'accusation, David Iglesias, a précisé plus tard dans la journée que la peine de l'accusé serait connue lorsqu'elle aura été validée, en fonction de la décision du jury cette semaine et de l'accord passé, par le président des commissions militaires au Pentagone. La peine envisagée dans l'accord serait comprise entre 12 et 15 ans.
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