Présidentielle en Turquie : Erdogan grand favori
Pour la première fois, les turcs élisent dimanche leur président au suffrage universel direct. Au pouvoir depuis 2003, l'actuel Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan fait figure de grandissime favori. Mais le chef du gouvernement polarise la société turque au point d'inquiéter ses alliés occidentaux et de susciter les craintes d'une dérive autoritaire dénoncée au printemps dernier par le mouvement de la place Taksim.
Une présidence remodelée à sa main
Celui qui fut le premier islamiste à remporter la mairie d’Istanbul, il y a 20 ans, aurait pu s’enorgueillir ensuite du titre du chef de gouvernement ayant le plus duré au pouvoir. Mais cela ne pouvait suffire à combler son ambition : il visait la magistrature suprême déjà en 2007, quand les tractations de coulisses au Parlement, sous la pression des militaires, l’ont évincé au profit du plus consensuel Abdullah Gül.
Sa revanche allait être de changer le mode de scrutin pour être le Premier chef de l’Etat turc élu au suffrage universel. Mais Recep Tayyip Erdogan ne veut pas non plus d’une fonction purement honorifique, comme elle l’est maintenant ; il a déjà prévenu qu’il serait un président "fort", même s’il n’a pas réussi à faire adopter le système présidentiel ou semi-présidentiel.
Dérive autoritaire ?
Quitte à provoquer une crise de régime, il entend bien s’octroyer lui-même les prérogatives que ne lui confèrent pas les institutions, comme par exemple présider le Conseil des ministres. Celui qui avait aussi réussi à écarter les militaires de la politique montre donc depuis quelques années une dérive autoritaire et liberticide qui inquiète les libéraux pour l’avenir.
Ses partisans voient dans son élection annoncée le parachèvement de la campagne qu'il mène depuis son arrivée au pouvoir pour remodeler la Turquie aux dépens des élites laïques qui dominaient le pays depuis la proclamation de la république moderne par Mustafa Kemal Atatürk en 1923.
Sa victoire est même attendue dès le premier tour. S'il ne franchit pas la barre des 50%, un second tour aura lieu dans deux semaines.
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