Pour la première fois lundi, l'armée s'est portée "garante de la révolution" et a promis de respecter la Constitution
Le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Rachid Ammar, s'est exprimé lors d'un discours improvisé devant des centaines de manifestants dans le quartier de la Kasbah, siège du pouvoir politique à Tunis.
Par ailleurs, un remaniement ministériel serait imminent, a indiqué lundi un porte-parole du gouvernement de transition Taieb Baccouch.
Le remaniement pourrait avoir lieu, selon lui, "d'ici demain" mardi. Il n'a toutefois pas suggéré que tous les caciques de l'ex-équipe de Ben Ali devraient quitter le gouvernement, .
"Il ne faut pas oublier qu'il y a des postes non pourvus", a-t-il déclaré dans un entretien à l'AFP, rappelant que cinq ministres ont démissionné du gouvernement la semaine dernière : trois syndicalistes, un opposant et un membre de l'ancien parti au pouvoir le Rassemblement constitutionnel tunisien (RCD).
Aide de 260 millions d'euros pour les régions les plus pauvres
Le gouvernement de transition a annoncé le versement d'une aide exceptionnelle de 260 millions d'euros pour les régions rurales les plus pauvres du pays, foyers de la révolution.
Cette aide a été annoncée lundi soir lors d'un talk-show à la télévision par le ministre du développement régional, Ahmed Néjib Chebbi, chef d'un parti d'opposition sous Ben Ali devenu membre du gouvernement d'union nationale formé le 17 janvier.
La somme promise servira à financer des projets de construction d'infrastructures, à rembourser les propriétaires de commerces endommagés lors du soulèvement populaire et à dédommager les familles des dizaines de "martyrs" tués lors de la répression sanglante des manifestations par la police de l'ancien régime.
"Un comité des sages" à l'étude
Des sources politiques à Tunis avaient indiqué auparavant que des négociations étaient en cours pour créer un "comité de sages" appelé à remplacer ou à superviser le gouvernement provisoire contesté et "protéger la révolution".
Selon Sihem Bensédrine, figure de l'opposition sous le régime Ben Ali de retour à Tunis, cette instance pourrait comprendre des responsables politiques, des représentants de la société civile, des avocats et des responsables syndicaux.
Ce conseil pourrait notamment inclure Ahmed Mestiri, un opposant qui avait jadis rompu avec Habib Bourguiba et jouit aujourd'hui du respect des mouvements d'opposition tant laïques qu'islamistes.
Un haut diplomate américain à Tunis
Jeffrey Feltman, le plus haut responsable de la diplomatie américaine pour le Proche-Orient, est arrivé lundi à Tunis pour des entretiens sur "les réformes démocratiques et les élections" avec le gouvernement de transition, a annoncé le département d'Etat américain.
Il a rencontré le ministre tunisien des Affaires étrangères, Kamel Morjane, qui occupait la même fonction sous le régime répressif du président Zine El Abidine Ben Ali. Bardé de diplômes d'universités américaines, Kamel Morjane a souvent été présenté en Tunisie comme le candidat de Washington pour succéder à Ben Ali.
L'armée entre en scène
L'armée a pris la parole pour la première fois lundi en Tunisie, s'affichant en "garante de la Révolution" et promettant de respecter la Constitution: "l'armée nationale se porte garante de la Révolution. L'armée a protégé et protège le peuple et le pays", a déclaré le chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Rachid Ammar, lors d'une intervention improvisée à Tunis, devant les manifestants.
"Nous sommes fidèles à la Constitution du pays. Nous ne sortirons pas de ce cadre", a ajouté le général, inconnu jusqu'à ce qu'il refuse de faire tirer sur des manifestants comme le lui demandait le président déchu, et qui jouit désormais d'une immense popularité en Tunisie.
Le chef d'état-major a appelé les manifestants, dont beaucoup de jeunes issus des provinces déshéritées et rebelles du centre du pays, à lever le siège des bureaux du Premier ministre, qu'ils ont entamé dimanche et poursuivi lundi, défiant le couvre-feu.
"Vos demandes sont légitimes. Mais j'aimerais que cette place se vide, pour que le gouvernement travaille, ce gouvernement ou un autre", a-t-il poursuivi, évitant d'apporter un soutien trop explicite au gouvernement de transition, mais mettant en garde la foule: "le vide engendre la terreur, qui engendre la dictature."
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