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Plusieurs personnes, dont deux Français, ont été enlevées lundi en Côte d'Ivoire par des "hommes en armes"

Le Quai d'Orsay a confirmé une information d'Europe 1 en précisant que le rapt avait eu lieu "à l'hôtel Novotel d'Abidjan"."Nous sommes mobilisés et notre ambassade met tout en oeuvre pour retrouver les personnes enlevées", indique le ministère français des Affaires étrangères.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Des partisans armés d'Alassane Ouattara, le 1er avril 2011, dans les rues d'Abidjan (AFP - ISSOUF SANOGO)

Le Quai d'Orsay a confirmé une information d'Europe 1 en précisant que le rapt avait eu lieu "à l'hôtel Novotel d'Abidjan".

"Nous sommes mobilisés et notre ambassade met tout en oeuvre pour retrouver les personnes enlevées", indique le ministère français des Affaires étrangères.

Selon Europe 1, cinq personnes ont été kidnappées dans le quartier d'affaires d'Abidjan, "lors d'une attaque des forces de défense fidèles au président sortant Laurent Gbagbo".

Selon une source diplomatique, les Français enlevés sont le directeur de l'hôtel et le président du conseil d'administration du groupe agro-industriel ivoirien Sifca, Yves Lambelin.

Ces enlèvements sont intervenus quelques heures avant le lancement lundi par la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) et par la force française Licorne de bombardements de camps militaires, du palais présidentiel et de la résidence du président sortant Laurent Gbagbo.

Le camp de Laurent Gbagbo a dénoncé la force Licorne comme une "armée d'occupation" et l'a accusée de "tentative d'assassinat".

Le gouvernement Gbagbo avait indiqué plus tôt que les Forces de défense et de sécurité (fidèles à Gbagbo) assuraient "la sécurité des ressortissants français". Et ce "en dépit de manoeuvres de la France tendant à semer la mort en Côte d'Ivoire", selon un bandeau déroulant de la télévision d'Etat RTI contrôlée par M. Gbagbo.

La France regroupe ses ressortissants et les étrangers
Quelque 1.900 étrangers sont sous protection de l'armée française, qui a entamé lundi une opération de regroupement des Français, et 447 autres ont déjà quitté Abidjan, en proie aux combats et aux pillages, a indiqué le porte-parole de la force française Licorne.

Les étrangers sont emmenés à Dakar (Sénégal) et Lomé (Togo).

La France a entamé lundi le "regroupement" de ses ressortissants à Abidjan, sur la base du volontariat.

"Deux nouveaux points de regroupement ont été établis, l'un à l'hôtel le Wafou au sud des ponts et l'autre à l'ambassade de France au nord", a indiqué lundi le ministère français des Affaires étrangères.

Le troisième point de regroupement est le camp militaire français de Port-Bouët.

Le Quai d'Orsay évalue à 12.200 le nombre de Français actuellement en Côte d'Ivoire, dont 11.800 à Abidjan. Quelque 7.300 ont la double nationalité.

Nicolas Sarkozy a annoncé dimanche "le regroupement sans délai de tous les ressortissants français d'Abidjan" afin "d'assurer leur protection" en vue d'un rapatriement.

La France a envoyé lundi 150 soldats supplémentaires pour protéger les expatriés à Abidjan, portant l'effectif de la force Licorne à environ 1.650 hommes.

Les 150 hommes envoyés en renfort s'ajoutent aux 300 militaires déployés ce week-end, a déclaré le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l'état-major. "On est dans une posture pour faire face à toute éventualité", a-t-il ajouté.

Les forces françaises de l'opération Licorne ont pris dimanche le contrôle de l'aéroport international d'Abidjan, "en coordination avec l'ONUCI", l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire, a annoncé l'état-major à Paris. Dans le même temps, les autorités françaises ont dépêché en Côte d'Ivoire 300 soldats supplémentaires, ce qui porte à 1100 les effectifs de Licorne.

La Commission européenne a appelé les deux rivaux ivoiriens à "protéger les civils" et à tout faire pour éviter de faire basculer "davantage" leur pays dans la guerre civile, après le massacre de plusieurs centaines de personnes dans l'ouest.

Offensive du camp Ouattara à Abidjan
Les forces de Alassane Ouattara ont lancé lundi contre les troupes de son rival Laurent Gbagbo. Selon un journaliste de Reuters, un convoi de plusieurs dizaines de véhicules remplis de soldats et munis de mitrailleuses lourdes a pénétré vers midi dans la capitale économique ivorienne.

L'avancée des troupes pro-Ouattara est cependant ternie par de de plusieurs centaines de civils dans l'ouest du pays, selon plusieurs sources.

Gbagbo plie mais ne rompt pas
Isolé diplomatiquement, Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis 2000, n'entend pas abdiquer malgé l'avancée de Ouattara et en dépit des appels internationaux répétés à quitter le pouvoir. Lundi, il était toujours replié sur les symboles du pouvoir - palais, résidence, télévision d'Etat RTI.

Toute la journée de samedi, la chaîne avait diffusé des appels à la mobilisation du camp Gbagbo, les militaires devant regagner des points de ralliement, les civils former un "bouclier humain" autour de la résidence du président sortant.

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Les forces en présence

Forces armées du camp Gbagbo
Les forces armées, fidèles au président sortant Laurent Gbagbo, ont perdu leur chef d'état-major, le général Philippe Mangou, qui a fait défection. D'autres généraux se sont ralliés à Allassane Ouattara, selon son Premier ministre Guillaume Soro.

Les Forces de défense et de sécurité (FDS) étaient évaluées jusqu'à ces dernières semaines à quelque 55.000 hommes. Mais de désertions en ralliements au camp Ouattara, leurs effectifs sont désormais impossibles à chiffrer. Nombre de membres de ces FDS avaient ces derniers jours abandonné l'uniforme pour tenter de retrouver l'anonymat d'une tenue civile, selon des témoignages concordants.

Jeudi, le chef de la mission onusienne Onuci a affirmé que police et gendarmerie avaient "quitté" Laurent Gbagbo. Désormais, celui-ci ne conserve plus pour sa sécurité que des "forces spéciales" déployées autour du palais présidentiel et de sa résidence.

Forces pro-Ouattara
Les Forces républicaines d'Alassane Ouattara regroupent les ex-rebelles des Forces nouvelles (FN) qui tiennent le nord du pays depuis le putsch raté de 2002. Mais elles se sont étoffées au fil des victoires et des ralliements. Elles compteraient à présent entre 5 et 10.000 hommes, selon une source militaire internationale.

En pleine bataille de légitimité, les FN ont annoncé début mars que les forces armées réunissant combattants FN et éléments FDS ayant fait défection étaient baptisées "Forces républicaines de la Côte d'Ivoire" (FRCI ). Elles s'articulent pour l'heure essentiellement autour des "com-zones", les chefs locaux FN comme Chérif Ousmane à Bouaké (centre) ou Losséni Fofana ("Loss"), dont les hommes ont lancé l'offensive dans l'ouest fin février.

Dans les quartiers populaires d'Abobo et d'Anyama, des insurgés pro-Ouattara se faisant appeler "commando invisible" ont peu à peu, depuis mi-février, délogé les FDS. Ces insurgés comptent de nombreux FN mais aussi des jeunes sympathisants pro-Ouattara ayant rejoint le commando ces dernières semaines.

ONUCI et Licorne
L'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), présente depuis avril 2004, compte actuellement près de 10.000 personnes (8600 Casques bleus, 1250 policiers).

Un millier de soldats de la paix, renforcés par des éléments FN, protégeaient le Golf Hôtel d'Abidjan, où étaient retranchés Alassane Ouattara et son gouvernement sous un blocus imposé par le camp Gbagbo depuis mi-décembre. Ce blocus a "disparu" jeudi, a annoncé l'ONUCI.

La force onusienne est appuyée par la force française Licorne (900 hommes), qui a dû intervenir jeudi à la suite de pillages dans un quartier d'Abidjan comptant de nombreux Européens et Français.

Accusée de soutenir les "rebelles" pro-Ouattara, l'ONUCI a été à plusieurs reprises attaquée par des partisans de Laurent Gbagbo.

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