Palestine : Mohammed Dahlan privilégié à Marwan Barghouti pour succéder à Abbas
Mahmoud Abbas a fait son temps. Un plan secret conjoint des Emirats arabes unis, de l'Egypte et de la Jordanie – dévoilé par Middle East Eye –, prévoit une ère post-Abbas où la présidence de l'Autorité palestinienne reviendrait à Mohammed Dahlan.
Ce grand rival de Mahmoud Abbas au sein du Fatah, parti historique de Palestine, est l'un de ses possibles successeurs. Un temps protégé de Yasser Arafat et impliqué dans les négociations des accords d'Oslo, Mohammed Dahlan est désormais un homme contesté dans les territoires palestiniens.
C'est pourtant un enfant de la bande de Gaza. Il y est né, dans un camp de réfugiés en 1961. Mohammed Dahlan s'est rapidement engagé dans le Fatah, en cofondant son mouvement de jeunesse, Ash Shabiba. Le Palestinien a connu les geôles israéliennes à onze reprises pour ses positions politiques.
Disgrâce et exil du dauphin d'Abbas
En 1994, à l'issue des accords d'Oslo, Yasser Arafat revient dans les territoires palestiniens, avec Mohammed Dahlan dans ses bagages. Le jeune leader se voit remettre le titre de chef des Forces de sécurité préventive de la bande de Gaza et devient un protagoniste de la vie politique palestinienne.
Mais Monsieur sécurité est dépassé par le putsch du Hamas dans la bande de Gaza en juin 2007. Il préfère démissionner. «En raison de ma longue absence et de problèmes de santé, j'espère que vous acceptez la fin de ma mission en tant que conseiller national chargé de la sécurité. Je resterai toujours un soldat loyal pour vous soutenir», écrit-il à Mahmoud Abbas.
La relation père-fils qu'ils entretenaient tous les deux se mue en brouille inconciliable. L'enfant de Gaza est peu à peu évincé de la vie politique. D'abord suspendu du Comité central du Fatah en janvier 2010, il est exclu du mouvement un an plus tard. Mahmoud Abbas le chasse même de la Cisjordanie. Mohammed Dahlan se réfugie alors à Abu Dhabi, aux Emirats arabes unis.
Un retour contesté
Un retour dans la vie politique gazaouie est pourtant dans les tuyaux depuis avril 2014. Disparu des radars pendant trois ans, Mohammed Dahlan prépare son retour depuis Abu Dhabi. «S'il y a de vraies élections, je participerai», a-t-il déclaré à RFI en 2015.
«Aujourd’hui âgé de 53 ans, Mohammed Dahlan se voit comme le futur président palestinien. C’est pour cela qu’il livre un combat sans merci au raïs en titre aujourd’hui âgé de 80 ans. Les deux hommes ne se font pas de cadeau, tous les moyens sont bons pour dénigrer l’autre», analyse le spécialiste de la question palestinienne Ohad Hemo dans le quotidien suisse Le Temps.
Le torchon brûle entre le président et l'ex-homme fort du Fatah. Mahmoud Abbas, sur le déclin, a démissionné de son poste de président de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), mais il fait tout pour que Mohammed Dahlan ne soit pas son successeur. Il l'a même accusé d'être à l'origine de l'assassinat de Yasser Arafat. Plus récemment, l'Autorité palestinienne a gelé les fonds d'une entreprise soutenue financièrement par Dahlan (lien en arabe).
L'enfant de Gaza ne fait pas non plus l'unanimité auprès de la population. Corruption, relations privilégiées avec Israël et les autres scandales qui ont émaillé le parcours de Dahlan, comme les arrestations massives d'adversaires du Fatah lorsqu'il était à la tête de la sécurité de la Palestine, en font un homme contesté.
Le choix d'Israël
Mohammed Dahlan serait un choix des voisins des territoires palestiniens plus que de la population. En plus des Emirats arabes unis, de l'Egypte et de la Jordanie, à l'origine du plan pour remplacer Mahmoud Abbas, l'Etat hébreu préférerait également Mohammed Dahlan pour la présidence palestinienne. Déjà en 2010, Georges Malbrunot, journaliste au Figaro spécialiste du conflit israélo-palestinien, estimait que «pour Israël et les Etats-Unis, Dahlan serait un successeur tout à fait acceptable de Mahmoud Abbas».
Gratifié de 6 % d'intentions de vote en septembre 2015, l'ancien Monsieur sécurité se voit toutefois surpassé par la popularité de Marwan Barghouti (32 %). Souvent qualifié de «Mandela palestinien», Marwan Barghouti a été nommé le 1er juin 2016 par les élus belges pour le Prix Nobel.
Des #élus #belges #nominent le #Palestinien #Marwan Barghouti pour le prix #Nobel de la paixhttps://t.co/axWlhMU1RK pic.twitter.com/koBMdrcWqP
— samir Bellia (@sam_1935) May 19, 2016
Cette figure emblématique de la Palestine est actuellement «détenu[e] à perpétuité», enfermée dans les prisons israéliennes pour terrorisme. Pour accroître sa popularité et devancer son adversaire, Mohammed Dahlan met en avant des actions de charité, comme l'organisation d'un mariage collectif à Gaza en partenariat avec les Emirats arabes unis. Pas sûr que ce soit suffisant auprès des Palestiniens pour devenir le nouveau raïs.
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