Tensions entre Israël et Gaza : "La longueur de cette confrontation va dépendre du Hamas", estime un ancien ambassadeur d'Israël en France
Israël a frappé de manière préventive le Jihad islamique pour "briser" l'immobilité du pays en raison de menaces d'attaques, explique Daniel Shek qui espère que le Hamas, qui gouverne Gaza, va rester neutre pour éviter une "dégringolade de la situation" comme en mai 2021.
L'armée israélienne et le Jihad islamique échangent depuis vendredi des frappes meurtrières, le plus gros regain de tensions depuis une guerre-éclair en mai 2021. À Gaza, onze personnes ont été tuées dont l'un des chefs du Jihad islamique, ainsi qu'une enfant de cinq ans. "La longueur de cette confrontation va dépendre de la décision du Hamas de rejoindre ou non cette confrontation", a estimé samedi 6 août sur franceinfo Daniel Shek, ancien ambassadeur d’Israël en France entre 2006 et 2010. Une inconnue soulevée également par le journaliste Charles Enderlin sur franceinfo.
franceinfo : Est-ce qu'Israël se prépare à une nouvelle guerre ?
Daniel Shek : Je ne fais pas partie du gouvernement et je ne parle pas pour lui. Je ne sais pas quelles sont ses intentions, mais je ne pense pas. Je pense au contraire que l'intérêt israélien est de cerner cette déflagration de violences avec le Jihad islamique au minimum possible. À mon avis, si à Gaza les choses peuvent se calmer avec l'intervention égyptienne, du côté israélien, ce sera bienvenu si l'on annonce que l'affaire est close.
Israël disait craindre une riposte après l'arrestation d'un responsable du Jihad islamique le 1er août dernier. Finalement, c'est son armée qui a attaqué vendredi. Pourquoi ?
Pendant plusieurs jours, tout le sud d'Israël était immobilisé à cause d'informations très précises sur les intentions du Jihad islamique de lancer des attaques à travers la frontière contre des cibles israéliennes limitrophes de la bande de Gaza. À un certain moment, il faut briser cette immobilité du pays. Israël a décidé de s'attaquer précisément à la tête du mouvement Jihad islamique à Gaza. Cela fait des décennies que c'est une organisation qui lance des milliers de roquettes contre des cibles israéliennes. C'est d'ailleurs le bras long [bras armé] de l'Iran dans la bande de Gaza. C'est une organisation plus petite que le Hamas qui gouverne à Gaza. Elle n'est pas entièrement sous le contrôle de ce gouvernement et donc, aujourd'hui, nous voyons le Jihad islamique agir seul. La longueur de cette confrontation va dépendre de la décision du Hamas de rejoindre ou non cette confrontation. Pour le moment, le Hamas ne bouge pas et cela me donne espoir que nous approchons la fin.
Le Hamas, effectivement, pour l'instant n'agit pas. C'est ce qu'Israël attend, selon vous ?
Bien sûr, parce que pendant l'année qui vient de s'écouler sous le gouvernement d'union nationale en Israël, il y a eu beaucoup d'avantages pour les Palestiniens de Gaza. Sur le plan civil, il y a eu plus de permis de travailler en Israël, Il y a eu une aide internationale, et le Hamas a intérêt à ce que cette situation continue. Cependant, si la violence continue et si le chiffre des victimes monte, le Hamas va avoir du mal à se retenir. C'est la raison pour laquelle je dis que j'espère que nous approchons la fin. Et comme ça, avec toute la tristesse vis-à-vis des victimes civiles, nous ne verrons pas une dégringolade de la situation vers une situation semblable à celle de mai 2021 où pendant de longues journées, il y a eu des attaques de part et d'autre contre des civils.
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