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Obama a-t-il déjà gagné la campagne du web ?

En 2008, Barack Obama avait marqué les esprits avec sa campagne innovante sur le web. Cinq ans plus tard, le président sortant a toujours une longueur d'avance. Mais Mitt Romney a tout de même refait une partie de son retard en termes de communication politique sur internet. Les équipes numériques ont dû s'adapter à l'utilisation de plus en plus grande des réseaux sociaux aux Etats-Unis.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
  (Reuters)

Pas besoin de donner des
tonnes de chiffres pour comprendre la supériorité de Barack Obama sur le net
comparé à Mitt Romney. Il suffira de deux : le nombre de fans sur
Facebook : plus de 28 millions pour Obama contre 7,5 millions pour Romney.
Et le nombre de followers sur Twitter : 20 millions pour le Démocrate, 1,2
millions pour le Républicain. Barack Obama est-il intouchable sur la
toile ? Mitt Romney peut-il le rattraper ?

Aux Etats-Unis,  la moitié des habitants utilisent les réseaux
sociaux, et 15% d'entre eux ont un compte Twitter. Selon un rapport de
l'institut de recherches américain Pew
en juin 2012, "certains experts
américains ont parlé de cette élection comme étant l'élection Twitter. Les
politiques sont maintenant en train de s'organiser et d'intéragir avec les
électeurs. Twitter est important pour commniquer avec les journalistes, les
autres élites et diffuser des messages"
, explique Lee Rainie de Pew.

En termes de budget, en 2012
comme en 2008, les Démocrates sont largement en avance. Selon l'un des journaux
du Congrès américain, The Hill , le marketing numérique
d'Obama (réseaux sociaux et publicité en ligne via Google notamment) approche
les 35 millions de dollars quand Mitt Romney ne dépense "que" 8,1
millions de dollars dans ce domaine (chiffres publiés par les candidats en juin
2012). En 2008, Barack Obama avait dépensé deux fois moins, 16 millions de
dollars, ce qui faisait toujours 4,5 fois plus que son adversaire de l'époque
John McCain (3,5 millions de dollars).

Au niveau du personnel de campagne dédié au numérique, le site The Guardian a
publié en août le chiffre de 750 personnes pour Obama
contre 87 pour Romney.

Obama "super candidat
du net"

Lors de l'élection
présidentielle de 2008, c'est notamment internet qui avait fait gagner Barack
Obama. C'était la première fois qu'un candidat plaçait ce mode de communication
au même niveau que la télévision. 

Internet est devenu l'outil de mobilisation et de rassemblement des supporters
d'Obama. A côté du site officiel, il a créé une sorte de Facebook entièrement
dédié à sa campagne my.barackobama.com (myBO). Sur ce site les électeurs
pouvaient échanger, entrer en contact entre eux, organiser des événements.

Pour la
campagne de 2012, Barack Obama a tout d'abord annoncé sa candidature sur son
site internet, sur Twitter et sur Facebook. En deux jours, il a gagné 35.000
fans sur Facebook et 40.000 followers sur Twitter. Et depuis, ce sont des
dizaines de tweets et de mails qui sont envoyés chaque jour, notamment pour
inciter les électeurs à donner de l'argent. 

En 2012
sur le net, Barack Obama essaie de cultiver une image d'homme politique proche
des gens. Le web, c'est l'autre côté, celui qu'on ne voit pas : les photos
de familles, les rencontres avec les électeurs, un storytelling de proximité.
Le 20 avril, il  s'est par exemple rendu
au siège de Facebook pour participer à une séance de questions-réponses avec
les utilisateurs du réseau social de Mark Zuckerberg. 

En août, le président a
improvisé "un tchat surprise" sur le site communautaire Reddit . Nom
de l'opération : AMA, "Ask me anything" . Plus de 170.000
questions posées en une demi-heure. Cliquez ici pour voir le tchat de Reddit .

Romney peut-il surfer plus
vite qu'Obama ?

Mitt Romney utilise également
le storytelling. Le candidat républicain a lancé une application Facebook "Trendsetter". Elle permet de mesurer
l'influence des internautes sur Facebook . Comme les Démocrates, les Républicains espèrent mobiliser activement sur le web et en dehors.
L'application a également été pensée pour mieux comprendre l'électorat
républicain. Elle lie par exemple les intérêts culturels et politiques des
utilisateurs et permet au parti d'affiner le discours de campagne. "Une
sorte de version 2.0 des enquêtes téléphoniques afin de mieux cerner les
préoccupations des citoyens"
pour l'institut de recherches sur internet Pew

L'avance de Barack Obama sur
Mitt Romney est considérable. Selon une étude produite par ComScore sur le rôle
des outils de campagne en ligne dans la campagne américaine de 2012, le rapport
de force entre les Démocrates et les Républicains est de 10 contre 1
. Autant dire que pour les
spécialistes d'internet, le retard ne peut pas être rattrapé.

"Comparer la campagne
numérique d'Obama (qui n'est même pas passé par des primaires " et ses 750
personnes, à celle de Mitt Romney et ses 87 collaborateurs, c'est comme
comparer des pommes avec des hamburgers" (Zac Moffatt, directeur de
campagne numérique de Mitt Romney).

Ben Adler, du journal The
Nation
,
tente de donner deux raisons
au retard de Mitt Romney : un problème d'organisation et une conception différente de l'outil.
"Mitt Romney est très
loin derrière en termes de fonds mis à disposition du développement d'internet"
,
écrit-il, "Barack Obama n'a pas eu à passer par les primaires, et pendant
ce temps, il a collecté beaucoup de fonds"
. Au QG d'Obama, "le
service le plus fourni est celui du numérique"
, raconte un spécialiste
des nouveaux médias chez les républicains, Patrick Ruffini. "Obama a eu
un an pour se préparer, mais plus l'élection va approcher, plus l'aspect
numérique va prendre de l'importance dans la campagne de Romney",
assure-t-il.
Peut-être. Mais même si les républicains accélèrent, ils auront toujours moins
de moyens que les Démocrates.
En termes de personnel dédié au numérique, la
situation des équipes de campagne d'Obama et de Romney sont incomparables. Zac
Moffatt, le directeur de campagne numérique de Mitt Romney préfère
ironiser : "Comparer la campagne numérique d'Obama (qui n'est même
pas passé par des primaires) et ses 750 personnes, à celle de Mitt Romney
et ses 87 collaborateurs, c'est comme comparer des pommes avec des
hamburgers"
.

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