Cet article date de plus d'onze ans.

Nouvelles manifestations en Egypte : le Caire s'embrase, au moins un mort

Nouvelle journée de mobilisation vendredi en Egypte, contre le président Mohamed Morsi, accusé par une grande partie de la population d'avoir " trahi " les idéaux de la révolution de 2011. Des heurts ont éclaté au Caire ; un manifestant au moins a été tué.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Asmaa Waguih Reuters)

Il ne se passe quasiment plus une journée sans une nouvelle
manifestation en Egypte. La colère gronde depuis plusieurs semaines, et le
pouvoir doit faire face à une montée de la violence dans la rue.

Réunis vendredi depuis le début de l'après-midi sur la place Tahrir et aux alentours, des manifestants ont affronté les forces de l'ordre en leur jetant des pierres et des cocktails molotov. Les policiers ont répliqué avec des canons à eau et des tirs en l'air. Il y aurait au moins un mort, selon les médecins, tué par balle aux abords du palais présidentiel. 53 personnes auraient été blessées.

La nuit s'annonce une nouvelle fois très tendue dans les rues de la capitale, alors que la présidence a d'ores et déjà annoncé que les forces de l'ordre feraient tout pour maintenir le calme.

La déception Morsi

Depuis plusieurs semaines, le président Mohamed Morsi, dont
l'élection l'année dernière avait pourtant fait naître quelques espoirs, est la
cible de violentes critiques. Il faut dire qu'il a pris un grand nombre de
décisions très impopulaires. Nominations puis renvois au sommet de l'Etat, Constitution
décriée, interventionnisme exacerbé dans le domaine judiciaire...
chaque nouvelle décision jette les Egyptiens par milliers dans les rues.

Mais ce vendredi, c'est l'opposition coalisée dans le Front
du salut national (FSN) qui appelle à manifester, au Caire et dans plusieurs
autres villes du pays. Le mouvement qui rassemble des personnalités venant d'horizons
divers, proteste contre la monopolisation du pouvoir par les Frères musulmans. Le
problème est une tension de fond : l'opposition, rejointe par les
défenseurs de la révolution qui avait abouti au départ de Hosni Moubarak il y a
deux ans, accuse les Frères de consacrer plus de temps à tenter de régir la
société selon des principes islamistes, qu'à se préoccuper de l'intérêt
général. Et, en plus, le pouvoir semble incapable de résoudre la grave crise
économique qui frappe l'Egypte.

Appel au calme

Pour se faire entendre, chacun semble avoir bien compris que
les manifestations doivent désormais se dérouler dans le calme. Plus question d'assister
aux débordements de violences, qui ont abouti à des dizaines de morts dans les
rues ces dernières semaines, au Caire et à Port-Saïd notamment.

Jeudi, les principales forces politiques ont signé un
document, sous l'autorité de l'institution sunnite Al-Azhar, dans lequel elles
dénoncent "toute incitation à la violence" . La manifestation de
vendredi est donc la première depuis cet engagement voulu comme fondateur. Et l'une
des figures de l'opposition, l'ancien chef de la Ligue arabe Amr Moussa l'a
bien compris :

"Nous ne voulons pas d'une effusion de sang, ni de
destructions. Nous voulons la liberté d'expression, nous voulons la démocratie."

Dans la ville de Port-Saïd, théâtre il y a un an jour pour jour de violences à l'issue d'un match de football qui avaient fait 74 morts, le cortège est très tendu. Les habitants de cette cité portuaire n'acceptent pas le verdict rendu la semaine dernière, condamnant 21 supporters à la peine capitale. Depuis une semaine, au moins 40 personnes ont été tuées lors de véritables émeutes.

Mais la principale crainte, du côté du pouvoir comme de
celui des manifestants, a un nom : les Black Blocs. Chacun craint que les
membres de cette mouvance radicale, défenseurs de la révolution par tous les
moyens, y compris violents, fassent basculer la mobilisation une nouvelle fois
dans le chaos et le sang.

> A écouter : Un monde d'info, la situation au Caire

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.