Niger : toujours des questions autour de l’intervention militaire
Les cercueils de Vincent Delory et Antoine De Léocour, sont arrivés vers 06H00 ce matin à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle sur un vol Air France en provenance de Niamey.
Les dépouilles des deux amis âgés de 25 ans originaires du Nord ont été acheminées vers l'Institut médico-légal de Paris afin d'y être autopsiées.
Cinq proches des deux jeunes hommes étaient à bord de l'appareil, dont la fiancée nigérienne d'Antoine De Léocour et des membres de sa famille.
_ Les familles avaient été accueillies à Roissy par le ministre chargé de la Coopération Henri de Raincourt.
Une bénédiction des corps et une cérémonie de recueillement se sont tenues au pavillon de réception de l'aéroport dans la plus stricte intimité, à l'écart de la presse.
_ La France et le Mali ont accusé Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) d'être derrière le rapt, commandité par Mokhtar Belmokhtar, un émir de cette mouvance, selon des sources maliennes et nigériennes.
Les deux otages ont été “exécutés” par leurs ravisseurs, a affirmé hier le ministre français de la Défense Alain Juppé, selon qui l'un des Français a été tué d'une balle dans la tête.
L’assaut des forces françaises en question
Des zones d'ombre continuent d'entourer les circonstances de la mort des otages. Ont-ils été tués avant ou pendant le raid ? Sur le lieu de l'attaque ou ailleurs?
En visite à Niamey lundi, Alain Juppé avait réfuté toute “ bavure ” française.
Après l'assaut, ont été retrouvés morts, avec les otages, “des terroristes et des personnes portant uniforme de la gendarmerie nigérienne”. “A l'enquête d'établir quelle était la raison de leur présence dans les véhicules que nous avons arrêtés”, a ajouté le ministre, sans en dire davantage.
_ Selon une source médicale qui a pu voir les corps, les deux hommes “avaient été attachés, les mains dans le dos, et ils avaient des traces noires sur le corps”. Une source proche de la présidence nigérienne avait auparavant assuré que “ les corps étaient calcinés ”.
Par ailleurs, la France affirmait hier que le Niger détenait et interrogeait deux terroristes présumés d'Aqmi. Information démentie aujourd'hui par les autorités nigériennes.
L'opération a été menée, selon des sources militaires, par des hommes du 1er régiment parachutiste d'infanterie de marine (RPIMA), régiment d'élite du Commandement des Opérations spéciales (COS) et le 4e régiment d'hélicoptères des forces spéciales (RHFS).
Selon François Fillon, une trentaine d'hommes des forces spéciales sont intervenus avec quatre hélicoptères de combat de l’armée française.
Pour tenter de récupérer les otages, la France a choisi d’employer la force. Une stratégie qui n’a pas permis de sauver les deux français.
En avril 2009, l'assaut sur le Tanit capturé par des pirates somaliens avait causé la mort du skippeur Florent Lemaçon.
_ Le parquet avait confirmé plus tard que le tir qui a tué l’otage français émanait bien d’un militaire des commandos français.
Ce matin, Jean-Louis Roumégas, porte-parole d'Europe Ecologie Les Verts estime que l'usage de la force par la France a été dicté par la défense de ses intérêts dans ce pays, en particulier les mines d'uranium exploitées par Areva.“J'ai la conviction que le choix de Nicolas Sarkozy de l'usage de la force contre la doctrine habituelle de la négociation a été dicté avant tout par la volonté de stopper le harcèlement contre l'exploitation de l'uranium par la France au Niger”, écrit M. Roumégas dans un communiqué.
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