Pour la première fois depuis l'hospitalisation de NelsonMandela, sa famille s'en est prise aux nombreux journalistes étrangers présentsdevant la Mediclinic de Pretoria. "Il y a une pointe de racisme chez lesmédias étrangers qui se permettent de franchir toutes les limites. Ils sont unevraie nuisance. Ils se comportent vraiment en vautours ", a lancé MakaziweMandela, la fille aînée de l'ancien président sud-africain sur SABC. Une position également très partagée sur . Il faut dire que les médias sont omniprésents devant la Mediclinic dePretoria. La rue Celliers qui jouxte l'une des entrées de l'hôpital a étébouclée. Sur les trottoirs, des dizaines de caméras et de projecteurs sontbraqués sur le portail. Une chaîne de télévision a même loué un balcon avec vue imprenable pour observer les allées et venues au sein del'établissement. "On peut vous faire un bon prix pour une fenêtre autroisième étage ", propose un voisin. Le fils de George va arriver en retard à la crèche ce jeudimatin. Mais son père a tenu à lui donner "un cours d'histoire " envenant devant les grilles de l'hôpital. Il est arrivé à Pretoria il y a onzeans en tant que réfugié politique. Le Congolais ne croit pas que "lesmédias soient là uniquement pour le 'business'. Il ne peut pas y avoirseulement le respect de la vie privée pour Mandela. Il appartient à sa famille,mais aussi à son pays, à l'Afrique en général et à la communautéinternationale. On ne peut pas en vouloir aux gens du monde entier d'êtreconcernés par l'état de santé de cette icône de la paix et de ladémocratie "."Les médias ne comprennent pas "C'est justement cette triple dimension qui poserait problèmeà la famille de Nelson Mandela. D'après Maluti Oeuseng, journaliste à SABCnews, "les médias internationaux ne comprennent pas comment nousréagissons, nous les Sud-africains, quand la mort arrive. Dans ma culture,quand quelqu'un est malade, les proches ne disent rien ou désignent unporte-parole. Et quand il y a un mort, la famille se réunit et donne le droit àune seule personne de communiquer vers l'extérieur ".C'est d'ailleurs, àpeu de choses près, le discours tenu par Makaziwe Mandela quand elle affirmeque "la famille ne peut donner aucun détail sur la santé de 'Tata'. Il n'ya que le président qui peut communiquer "."On se fout de nous "Et la présidence sud-africaine communique de façonquasi-quotidienne des communiqués sur son compte Twitter. Après une visite detrois quarts d'heures ce jeudi après-midi, Jacob Zuma a annoncé que"Madiba allait beaucoup mieux par rapport à la veille ".Pourtant,l'un des membres de sa famille avait confirmé qu'il était "sous assistancerespiratoire " et que son cas "était désormais très critique ".Commentaire d'un journaliste britannique : "On se fout de nous "."Zuma a encore besoin de Madiba "Au-delà de l'aspect culturel, ce "verrouillage" dela communication par le président sud-africain inspire également une lecture politiqueà Shokes Mnisi-Mzolo, journaliste freelance pour le magazine Destiny : "Regardezautour de vous : il y a des milliers de personnes réunies ici. Cela montrel'attachement des gens à Nelson Mandela. Je crois que Jacob Zuma a encorebesoin de Madiba ".Signe de l'importance politique du sort de l'icône dela lutte contre l'apartheid, des dizaines de militants de l'ANC, parti aupouvoir, sont venus chanter et danser ce jeudi devant les grilles de laclinique (et devant les caméras) pour soutenir leur ancien leader. Beaucoupd'entre eux portaient des t-shirts jaunes avec une photo de Nelson Mandela et leslogan "vote ANC in 2014". Car l'hospitalisation de Nelson Mandela intervient à moinsd'un an de la prochaine présidentielle en Afrique du Sud. Pour Toumy,journaliste au service politique de SABC, "cela ne fait aucun doute queles leaders de l'ANC vont utiliser l'aspect émotionnel lié à la disparition deNelson Mandela. Le message est le suivant : cet homme nous a libérés, il venaitde l'ANC, nous sommes ses héritiers. Mais le temps est encore long avantl'élection, je ne crois pas que cet argument va tenir aussi longtemps ".