Négociations de Berlin : l'Ukraine et la Russie ont intérêt à un cessez-le-feu
Est-ce que c’est surprenant de voir que ce dialogue s’entame alors que les combats semblent redoubler sur le terrain ?
"Non. C’est la raison pour laquelle les Européens ont décidé de faire un effort particulier pour essayer de mettre un frein à cette escalade. Il y a depuis plusieurs jours une intensification des opérations ukrainiennes pour reprendre les bastions des séparatistes dans l’Est, l’affaire du convoi humanitaire russe qui n’a fait qu’accroître la tension ces derniers temps. Il y aurait aussi des échanges très vifs, qui seraient dus à la présence de blindés russes sur le territoire ukrainien, même si on ne sait pas quelle est la part de désinformation.
L’intérêt pour les Européens est de reprendre l’initiative, car cette crise concerne directement la stabilité du continent."
Ces négociations peuvent-elles déboucher sur un vrai cessez-le-feu ?
"Alors il faut être prudent, même si l’accord que les Russes et les Ukrainiens ont l’air d’avoir plus ou moins trouvé sur le convoi humanitaire pourrait être un signal assez positif. On ne va peut être pas avoir tout de suite un accord de cessez-le-feu mais peut être plus un accord sur la nécessité de poursuivre des négociations en ce sens. Il y a effectivement plusieurs éléments qui pourraient aller dans ce sens, notamment une convergence d’intérêt entre les Russes, les Ukrainiens et les Européens.
Je pense également que Poutine, n’a pas vraiment envie de lancer une intervention militaire dans l’Est de l’Ukraine parce qu’il considère que ce serait un piège, une volonté américaine de l’amener à avoir cette intervention.
Dans ces négociations Poutine voit plutôt son intérêt en montrant que tout le monde a été traité de la même manière. Qu’il a contribué à faire plier les Ukrainiens et qu’il a pu faire accepter une aide humanitaire.
Kiev pourrait également avoir intérêt à poursuivre cet effort diplomatique. Car même s’il y a une forte volonté de reprendre le contrôle de la situation dans l’Est, la réalité de la situation ukrainienne c’est le ko économique, une aide financière qui met du temps à se mettre en place, des réformes qui ne peuvent pas être mises en place tant que le conflit continue."
L’Union européenne est à la manœuvre. Les Etats-Unis se mettent-ils en retrait dans ce conflit ?
"Je ne pense que les Etats-Unis soient absents. Il y a eu, ces derniers jours, des appels des Américains pour revenir à la voie diplomatique. Ce qui me semble clair, c’est qu’il y a une volonté des européens de reprendre la main et je pense que les Européens ne sont pas complètement en accord avec la lecture que font les Etats-Unis de cette crise.
Face au risque d’escalade, au nombre de plus en plus important de déplacés, à l’ampleur des destructions et face aussi aux conséquences des sanctions économiques, les Européens ont intérêt à ce qu’un accord soit trouvé."
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