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Un Saoudien de 21 ans condamné à être décapité et crucifié jusqu’à pourrissement

Ali Mohammed al-Nimr, arrêté à l’âge de 17 ans, doit être exécuté le 24 septembre et son corps crucifié jusqu’au pourrissement. Cette peine intervient au moment où l’Arabie Saoudite prend la tête du panel du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. 130 personnes ont été exécutées courant 2015 dans le royaume wahhabite.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Ali Mohammed Baqr Al-Nimr, jeune Saoudien condamné à la décapitation. (DR/Capture d'écran )

Jusqu’au pourrissement. L’Arabie Saoudite va décapiter le jeudi 24 septembre 2015 un jeune chiite de 21 ans, Ali Mohammed al-Nimr, pour avoir manifesté contre le régime wahhabite en 2012. Selon les autorités saoudiennes, il aurait jeté des cocktails molotov contre les forces de l’ordre le 14 février 2012 lors d’une manifestation, dans la région de Qatif, majoritairement chiite. Il avait à l’époque 17 ans, donc mineur.
 
Torture. Ali Mohammed al-Nimr paierait-il pour son oncle Cheikh al-Nimr, séparatiste, qui a été lui-même condamné à mort le 15 octobre 2014 ? Selon Amnesty International, les aveux de l’adolescent lui auraient été extorqués sous la torture. «En mai, le Tribunal pénal spécial a condamné à mort Ali Mohammed Baqir al-Nimr, notamment pour participation à des manifestations antigouvernementales, détention d’armes et attaques visant les forces de sécurité. Il a nié les faits qui lui étaient reprochés et a déclaré au Tribunal qu’il avait été torturé et contraint de faire des aveux durant sa détention précédant le procès. Le Tribunal l’a déclaré coupable sans ordonner aucune enquête sur ses allégations de torture, et il l’a condamné à mort alors qu’il n’était âgé que de 17 ans au moment des faits supposés. Son oncle, Nimr Baqir al-Nimr, un religieux chiite originaire d’Al Qatif qui critiquait vivement le traitement de la minorité chiite par le gouvernement, a été condamné à mort en octobre par le Tribunal pénal spécial.»
 
La minorité chiite vit principalement dans la région pétrolifère de Qatif. Ses membres sont exclus des fonctions gouvernementales et subissent de nombreuses discriminations.

 

Capture d'écran Facebook (DR)

Cette peine intervient au moment où l’Arabie Saoudite prend la direction du panel du Conseil des droits de l'Homme de l’ONU. Ainsi, le représentant du Royaume, Faisal bin Hassan Trad, aura le pouvoir de choisir les candidats pour les enquêtes sur les violations des droits de l’Homme à travers le monde.
 
Le royaume saoudien ne jouit pas d’une très bonne image sur la question des droits de l’Homme. Sa législation est inspirée par une version rigoriste de la loi islamique. 130 personnes ont été exécutées entre le 1er janvier et le 3 septembre 2015. Sur les réseaux, les internautes s’indignent de la sentence et mettent en exergue l’incompatibilité entre présider le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU et «la barbarie de ce jugement».




Les autorités saoudiennes n’ont pas réagi officiellement. 

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