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Syrie : les derniers habitants de Daraya lancent un SOS à François Hollande

Le chef de la diplomatie française a tiré la sonnette d’alarme sur Daraya, affirmant «craindre un véritable massacre» dans cette localité de la banlieue de Damas, assiégée depuis 4 ans. La recrudescence des bombardements du régime a poussé les derniers habitants à écrire une lettre au président français appelant à une intervention internationale pour empêcher «l’annihilation totale» de leur ville.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des habitants de Daraya, une des villes symbole du soulèvement syrien, le 28 mai 2016 aux pieds d'immeubles dévastés par les barils d'explosifs largués par les avions du régime. (FADI DIRANI/AFP)

C’est la diplomatie française qui a lancé, la première, l’alerte sur la situation dramatique qui prévaut dans les villes assiégées par les forces du régime en Syrie. Avant une réunion avec ses homologues occidentaux à Londres, le 19 juillet 2016, Jean-Marc Ayrault s’est dit extrêmement inquiet pour Alep, mais aussi pour Daraya.
 
Jean-Marc ayrault inquiet pour les villes syriennes assiégées
«Daraya est un symbole et on craint un véritable massacre», a-t-il prévenu, affirmant que la France n’assisterait pas sans réagir à une telle situation. Favorable à des pressions sur la Russie pour qu’elle fasse pression sur Damas, «on ne va pas attendre les élections. Il faut lancer un appel pour aider les assiégés», a-t-il dit en référence au scrutin présidentiel américain de novembre 2016.
 
De leur côté, depuis leur localité située à une dizaine de kilomètres de la capitale syrienne, les derniers habitants de Daraya ont adressé une lettre ouverte au Président de la République française. Publiée par le quotidien Libération et sur le Blog Un oeil sur la Syrie du journal le Monde, elle a pour objet de l’alerter sur la menace qui pèse sur leur ville.

Une population bouclée et arrosée de barils d'explosifs 
Bouclés et soumis depuis 2012 aux largages de barils d’explosifs par l’aviation de Bachar al-Assad, en violation d’un illusoire cessez-le-feu, les 8.000 derniers habitants de cette ville «qui a résisté au régime et aux extrémistes de Daech» vivent toujours privés d’électricité, d’eau et de communications.


Des cas de malnutrition y avaient déjà été signalés lors de l’entrée d’un premier convoi d’aide humanitaire le 1er juin 2016. Le régime avait alors fait livrer «des milliers de doses de shampoing» avant d’autoriser la livraison d’une aide alimentaire insuffisante et largement épuisée depuis.
 
Soulignant avoir reçu en quatre ans plus de 8.000 barils d’explosifs, ils écrivent à l’attention de François Hollande : «Nous craignons que les dernières avancées des forces d’Assad et de leurs alliés ne soient le prélude à un assaut majeur qui verrait le massacre des derniers habitants de Daraya et la destruction totale du berceau du pacifisme syrien».

Eviter que Daraya ne devienne un Guernica syrien 
Constatant l’intensification des bombardements du régime ces dernières semaines, ils appellent «les pays de la task force sur le cessez-le-feu sur la Syrie» à prendre leurs responsabilités pour éviter que «Daraya la pacifiste ne devienne un nouveau Guernica syrien».
 
En clair, un appel SOS à la France pour qu’elle use de son influence et obtienne «une intervention de la communauté internationale» auprès des forces politiques et révolutionnaires pour empêcher l’annihilation totale de leur ville.

 
Berceau du pacifisme syrien, Daraya a été également ces dernières années un laboratoire de «la participation des femmes syriennes au mouvement révolutionnaire». Partie prenante du mouvement citoyen depuis 2003, elles se sont constituées en 2012 en un Rassemblement des femmes libres de Daraya, et ont pris en charge l’organisation de manifestations et diverses autres actions sous le slogan «pacifique! pacifique!».

Les habitants de Daraya, des révolutionnaires demeurés pacifistes 
Un mot d’ordre toujours d’actualité. «En dépit d’une situation humaine et militaire dramatique, la ville de Daraya continuera à résister et à lutter en faveur d’une solution politique et pacifiste», écrivent en effet les habitants de cette ville symbole.
 
Rappelant les valeurs de la République, ils ont clôt leur missive au chef de l’Etat français par un vibrant «Vive la révolution, la dignité et la liberté».
 

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