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La jeunesse ne croit plus au Printemps arabe

Partie de Tunisie en décembre 2010, la vague des printemps arabes qui avait soulevé un fantastique espoir dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord a fini par se fracasser sur les récifs de régimes indéboulonnables. En refluant elle laissé sur la grève des situations chaotiques incontrôlables et une jeunesse désemparée qui croit de moins en moins à un changement quelconque dans leur pays.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Des milliers de Syriens manifestent le 17 février 2012 pour le départ de Bachar al-Assad. (Bulent Kilic / AFP)

Les jeunes entre 18 ans et 24 ans ne sont plus que 38% à penser que le monde arabe s’est amélioré après les soulèvements du Printemps arabe alors qu’ils étaient 72% à le croire en 2012. De même qu’ils ne sont plus que 15% à dire que c’est l’absence de démocratie qui reste le principal obstacle au Moyen-Orient contre 41% il y a trois ans.
 
Désillusion sur l’idée de démocratie
Au terme de sa septième enquête annuelle, réalisée entre janvier et février 2015 dans seize pays arabes (Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Qatar, Bahrein, Koweit, Oman, Yémen, Irak, Egypte, Jordanie, Liban, Libye, Palestine, Algérie, Tunisie, Maroc) auprès de 3.500 personnes (200 par pays, voire 300 pour certains), la société de conseils en relations publiques ASDA’A Burson-Marsteller, basée à Dubaï, fait le constat d’une désillusion sur l’idée de démocratie. En 2011, «vivre en démocratie» était le désir de 92% des jeunes Arabes interrogés. Aujourd’hui, ils sont 39% à penser que «la démocratie ne fonctionnera jamais dans la région» contre 36%, 25% restant sans opinion.
 
Le nouvel obstacle du djihadisme
L’autre écueil auquel les jeunes se heurtent désormais est la montée en puissance du djihadisme. 73% d’entre eux se disent gravement préoccupés par le groupe Etat Islamique (autoproclamé) et 37% y voient «le plus grand obstacle pour la région».
Toutefois, ils ne sont que 47% à être convaincus que les gouvernements nationaux pourront faire face à cette nouvelle menace.

Tunis (Tunisie), le 29 mars 2015. Manifestation après la fusillade islamiste contre le musée du Bardo. (Nacer Talel / Anadolu Agency)
La tentation de l’étranger
Par ailleurs, préoccupés à 81% par le chômage et à 47% par la dévalorisation de la langue arabe (36% d’entre eux utilisent plus l’anglais au quotidien), ils ont une idée précise des pays où ils souhaiteraient vivre. Les Emirats Arabes Unis viennent en première position devant les Etats-Unis, l’Allemagne, le Canada et la France.
 
Les responsables de l’enquête espèrent que les conclusions inspireront les secteurs publics et privés pour «un dialogue constructif sur les espoirs et les aspirations de la jeunesse arabe», une population de 200 millions de personnes dont 60% ont moins de 25 ans.

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