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Coupe du monde de football au Qatar : des associations dénoncent 6 500 décès en dix ans sur les chantiers

Dans un an débutera la Coupe du monde de football au Qatar (21 novembre-18 décembre 2022). Des infrastructures colossales ont été construites par de la main-d'œuvre bon marché, dans des conditions de travail dénoncées par plusieurs associations de défense des droits de l'homme.

Article rédigé par Aurélien Colly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le stade de Losail, le plus grand de la coupe du monde de football 2022 au Qatar, peut accueillir 80 000 spectateurs. (AURÉLIEN COLLY / ESP - REDA INTERNATIONALE)

Dernier coup de pioche autour du stade de Losail, le plus grand de cette Coupe du monde 2022. Un colossal bol de cuivre comme celui qu'on tend aux invités dans la culture du Golfe, avec des dattes à l'intérieur. "On s'est entièrement consacrés à ça. Le Qatar a tenu ses promesses. Le son, l'atmosphère, ça va être quelque chose d'inimaginable", se réjouit Tamim El Abed, qui a supervisé la construction de cette arène de 80 000 places.

Dans un an, s’ouvrira la Coupe du monde de football au Qatar, richissime émirat du Golfe persique, avec les deuxièmes réserves mondiales de gaz. Plus d’un million de supporters sont attendus dans ce pays plus petit que la Corse, pour le premier Mondial organisé dans un pays du Moyen-Orient. Un Mondial que le Qatar s’est offert grâce aux milliards de dollars de la rente gazière et aux réseaux d’influence qu’il a tissés dans le monde entier. Grâce aussi à la main-d'œuvre bon marché qu’il a fait venir des pays pauvres pour construire les infrastructures : aéroport, métro, hôtels, gratte-ciel et bien évidemment stades flambant neufs.

Un stade climatisé accueillera la finale. Jusqu'à 7 000 ouvriers ont participé à ce chantier. Leurs visages sont sur les murs de certains accès. "C'est le mur de la gratitude, avec des milliers de photos de ceux qui l'ont construit. La meilleure réponse aux critiques, c'est de s'assurer que tous ceux qui viennent ici pour travailler rentrent chez eux en bonne santé", ajoute encore l'ingénieur.

Des ouvriers morts de manière "naturelle" selon le Qatar

Car des critiques il y en a. 6 500 décès en dix ans, classés "mort naturelle" par le Qatar, ce que contestent les organisations de défense des Droits de l'homme, qui réclament des enquêtes. Lola Schulmann, d'Amnesty International, souligne : "On n'a pas aujourd'hui un recensement fiable, de la part des autorités du Qatar, qui nous permette d'établir quels décès sont directement liés aux conditions de travail. Et les familles ne reçoivent aucune indemnisation."

Le Qatar rejette ces accusations, met en avant les changements ces dernières années. Sécurité des chantiers, mais aussi salaire minimum et suppression du parrainage qui interdit de changer d'employeur ou de quitter librement le pays. C'est vrai sur le papier, mais pas dans les faits pour encore trop de sociétés, selon Amnesty International.

À quelques kilomètres sur la corniche de Doha, l'heure n'est pas aux polémiques pour les stars du ballon rond venues dimanche 21 novembre au soir lancer le compte à rebours de la Coupe du monde : David Beckham, Cafu, Marcel Desailly ou encore Samuel Eto'o. 

"Le football aux footballeurs, la politique pour les politiciens."

Samuel Eto'o

à franceinfo

Le patron de la FIFA, Gianni Infantino, affirme que "beaucoup peut encore être fait, mais des progrès ont été réalisés ici en quelques années, alors qu'ils prennent des décennies dans d'autres pays. Et on encourage ces changements", explique-t-il.

La question des droits de l'homme n'a pas fini de peser sur cette Coupe du monde 2022. Comme les soupçons de corruption qui ont entouré son attribution. 

Sur les chantiers des infrastructures de la Coupe du monde de football au Qatar - Reportage d'Aurélien Colly

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