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Arabie Saoudite: une Saoudienne brocarde la Commission de la femme de l'ONU
Seul pays au monde où les femmes n’ont pas le droit de conduire, entre autres privations de liberté, l’Arabie Saoudite a été élue le 22 avril 2017 membre de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies. Un vote paradoxal qui a soulevé un tollé de protestation dans la presse internationale, mais aussi sur les réseaux sociaux de la part des Saoudiennes elles-mêmes.
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Démarche délibérée pour amener le royaume à plus de souplesse ou défi involontaire et maladroit au bon sens? Les Nations Unies ont voté le 22 avril 2017 à New York l’intégration de l’Arabie Saoudite à la Commission de la condition de la femme de l’ONU (CSW) pour la période 2018-2022.
Un choix étonnant de la part du principal organe intergouvernemental mondial «dédié exclusivement à la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes», selon la propre définition de l’ONU.
Un pays où les droits des femmes sont pratiquement inexistants
Le vote a aussitôt soulevé une vague de protestations à l’égard d’un pays où les droits de la femme sont en effet pratiquement inexistants.
Hormis le fait bien connu qu’il s’agit du seul pays au monde où la femme n’a pas le droit de conduire, elle n’a pas non plus le droit d’ouvrir un compte en banque, de détenir son propre passeport, de se soigner, se marier ou voyager à l’étranger sans autorisation d’un élément mâle de sa famille, etc.
Avec surprise, colère ou ironie, l’information a aussitôt été reprise dans la presse internationale. Un concert de critiques qui a culminé avec celle du directeur de l’ONG UN Watch, un organisme basé à Genève qui se donne pour mission «de s’assurer que l’ONU respecte sa propre charte et que les droits de l’Homme soient accessibles à tous».
«Elire l’Arabie Saoudite pour protéger les droits des femmes est comme désigner un pyromane chef des pompiers de la ville», a commenté Hillel Neuer. «Les discriminations saoudiennes contre les femmes dans les lois et la réalité sont répugnantes», a encore ajouté le patron de UN Watch.
Une Saoudienne raille l'ONU pour son choix
Moins courante, et donc plus remarquable, est toutefois la réaction des Saoudiennes elles-mêmes engagées depuis des mois dans un mouvement pour la défense de leurs droits et «contre la tutelle masculine».
Sitôt connue, l’information a provoqué des réactions sur les réseaux sociaux. L’une d’entre elles est même devenue virale sur Twitter. Il s’agit du message posté par Moudhi Aljohani. Une twitto qui se définit comme «féministe saoudienne, amoureuse de l’encre, diplômée en droit de la terre de la misogynie et du patriarcat».
My comment about @UN rewarding #SaudiArabia for their crimes against women ! #StopEnslavingSaudiWomen pic.twitter.com/jWPfXZii7F
— Moudi Aljohani (@Moudhi90) April 26, 2017
«Je suis une femme saoudienne et je ne sais pas vraiment quel a été mon sentiment quand j’ai lu cette information sur les Nations Unies. Mais cela fait mal. Parce que c’est la victoire de la corruption, de la misogynie et du patriarcat… C’est une récompense à l’oppression», dit-elle avant de conclure par un retentissant: «Bien joué les Nations Unies! Bien joué!»
Auparavant, Moudhi Aljohani prend soin de rappeler le contexte dans lequel l’Arabie Saoudite a été intégrée à cet organisme de défense des femmes.
«En moins d’une semaine, explique-t-elle, Dina Ali Lasloum a été kidnappée aux Philippines, Ala’ al-Anazi a été arrêtée pour avoir demandé des nouvelles de Dina à l’aéroport et Mariam al-Otaibi a été mise en prison. Son crime, selon les lois saoudiennes, c’est d’avoir quitté le domicile familial, parce qu’en Arabie Saoudite, les femmes sont traitées comme des criminelles si elles décident de quitter un domicile familial abusif.»
Une mobilisation contre les barreaux de la tutelle masculine
Le fait est que Dina Ali Lasloum, 24 ans, qui fuyait un mariage forcé, a été arrêtée à l’aéroport de Manille où elle transitait pour se rendre en Australie. Kidnappée par ses propres oncles, elle a disparue depuis et ses amies sont sans nouvelles.
L’une d’entre elles, Alaa al-Anazi, 24 ans également, étudiante en médecine et défenseure des droits humains, a été arrêtée à l’aéroport de Ryad où elle s’était rendue pour avoir des nouvelles de Dina. Elle aurait été libérée depuis.
Quant à Mariam al-Otaibi, 29 ans, elle a été arrêtée une première fois en novembre 2016 pour désobéissance parentale. Libérée, elle a été reprise pour son entêtement à vivre indépendante à Ryad. Dans un dernier tweet posté le 15 avril, elle demande des comptes à la police qui s’est liguée contre elle avec son père et son frère et affirme: «Je ne retournerai pas en enfer, même si je dois perdre la vie.»
Depuis, la mobilisation des Saoudiennes sur les réseaux sociaux ne faiblit pas. Pour réclamer la libération de leurs sœurs et surtout pour faire tomber les barreaux d’une autre prison, celle de la tutelle masculine.
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