Afghanistan : "On essaie de faire en sorte que le maximum d'avions se posent et redécollent", explique le responsable militaire français du pont aérien
Depuis l'arrivée des talibans au pouvoir à Kaboul, un pont aérien a été mis en place, pour exfiltrer en urgence les Afghans menacés par les talibans. Le colonel Yannick Desbois coordonne l'opération côté français, et témoigne sur franceinfo.
Un pont aérien au-dessus de Kaboul a été mis en place en urgence, après la prise de pouvoir des talibans dimanche 15 août. Il mobilise des appareils du monde entier pour évacuer diplomates, contractuels étrangers, et surtout des Afghans depuis l'aéroport de la capitale.
Les Etats-Unis prévoient d'évacuer plus de 30 000 Américains et civils afghans, via leurs bases au Koweït et au Qatar. La France, de son côté, a monté sa propre opération d'évacuation, depuis sa base aérienne située aux Emirats arabes unis.
Les pilotes poussent les limites des appareils
Le colonel Yannick Desbois commande la BA104. Il témoigne des difficultés d'une telle opération. Trois heures et demie de vol pour rallier l'aéroport de Kaboul depuis les Emirats. Parfois, les pilotes poussent les limites des appareils, comme au deuxième jour des évacuations.
"Un des A400M est revenu avec plus de 200 passagers, alors qu'un A400M, c'est une capacité de 120 passagers assis."
Colonel Yannick Desbois, commandant de la base française gérant le pont aérienà franceinfo
"Mais le commandant de bord connaît les performances de son avion, et donc il décide combien de personnes il peut embarquer pour ne pas engager la sécurité de l'appareil", rassure le militaire français.
Ces appareils sont spécialement affrétés pour les missions de rapatriement depuis Kaboul. "Les forces talibanes possèdent un certain nombre d'armements qui pourraient constituer des menaces pour nos avions", explique le colonel Yannick Desbois, "donc on envoie ces avions de transport tactiques". Les C130 et A400m sont protégés, avec "des leurres, des dispositifs qui sont éjectés, se déploient autour de l'aéronef et sont faits pour attirer les éventuels missiles qui seraient tirés sur un aéronef."
La fréquence des rotations pourrait s'accélérer
Outre la France, les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'Espagne, l'Allemagne, la Turquie ou les Pays-Bas ont organisé leurs propres ponts aériens. Un énorme centre de commandement interalliés pour les opérations aériennes, basé à Al-Udeid, au Qatar, coordonne tous ces vols militaires. Il est responsable de la gestion des vols partant en direction de Kaboul. "Il y a toute une déconfliction à faire, pour s'assurer que l'ensemble des nations envoyant des avions sur Kaboul ne le font pas en même temps, ou qu'on n'ait pas une congestion à l'aéroport de Kaboul", détaille le colonel Yannick Desbois.
Les armées internationales font en sorte que "le maximum d'avions puissent se poser en 24 heures et redécoller", souligne le militaire français. Les Américains voudraient, à terme, faire décoller de Kaboul un avion d'évacuation toutes les heures, et envisagent de tenir ce rythme jusqu'à la fin du mois d'août. La mission française ne s'est pour le moment pas donné de limite dans le temps. Choisissant ses mots, le colonel Yannick Desbois assure "qu'on est plutôt sur des conditions de poursuite de l'opération, qui sont essentiellement liées au besoin d'évacuer. Nous sommes en mesure de maintenir ces opérations-là." Au vendredi 20 août, près de 500 personnes ont été évacuées par des avions français. Essentiellement des civils afghans.
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