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Abou Qatada, l’islamiste libéré par la Jordanie

La justice jordanienne a acquitté mercredi 24 septembre Abou Qatada, jugé pour «terrorisme», et décidé sa libération. Imam radical souvent présenté comme proche d'al-Qaïda, Abou Qatada , de son vrai nom Omar Mahmoud Othman était jugé pour «terrorisme» depuis son extradition de Grande-Bretagne en juillet 2013.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Abou Qatada lors de son procès à Amman en septembre 2014. (KHALIL MAZRAAWI / AFP)

Il a été libéré au terme d'un nouveau jugement. Il avait été condamné une première fois, en Jordanie, à mort par contumace en 1999 pour «complot en vue de mener des actes terroristes», en particulier contre l'école américaine  d'Amman, une peine immédiatement commuée en prison à vie assortie de travaux forcés. En 2000, il avait également été condamné par contumace à 15 ans de travaux forcés pour complot visant à attaquer des cibles touristiques en Jordanie. Entre temps, il s'était réfugié à Londres, où il obtint l'asile politique.

Londonistan
«Abou Qatada Al-Filistini, alias Omar Mahmoud Othman, tire sa triste renommée de ses liens avec Al-Qaida, de son influence sur les activistes islamistes du «Londonistan» et de l’impact de ses prêches incendiaires à l’encontre de l’Occident, des chrétiens et des juifs parmi les communautés notamment immigrées d’Europe», notait Orient XXI.

Finalement extradé du Royaume-Uni après dix ans de saga judiciaire et diplomatique entre Amman et Londres, il a été rejugé en Jordanie. Ce retour en Jordanie n' a été possible qu'à la suite d'un accord entre les deux pays, donnant la garantie qu'aucune preuve obtenue sous la torture ne pourrait être utilisée contre lui.

Né à Bethléem (Cisjordanie, alors territoire sous contrôle jordanien) en 1960, il a vécu au Koweit et aurait fait des voyages au Pakistan. Il a été accusé d’être un proche d’Al Qaida, on parlait même de lui comme «l'ambassadeur de Ben Laden en Europe». Etabli au Royaume-Uni, alors qu’il était condamné par contumace en Jordanie, il a été soupçonné «d’avoir entretenu des liens avec Zacarias Moussaoui, le Français condamné à la prison à vie pour sa participation aux attentats du 11-Septembre, et Richard Reid, l’homme qui a tenté de faire exploser un vol Paris-Miami en dissimulant des explosifs dans ses chaussures, en 2001», racontait Paris-Match

Il avait même été inscrit par l'Onu comme associé à «Oussama ben Laden et aux individus et entités qui lui sont associés » pour avoir « particip[é] au financement, à l'organisation, à la facilitation, à la préparation ou à l'exécution d'actes ou d'activités en association avec […,] sous [le] nom, pour [le] compte ou [pour le] soutenir» d'Al-Qaida. La fiche de l'Onu en fait un membre important de l'islamisme radical en Angleterre.

«Il se pose en guide des combattants, en nouvel ambassadeur d’Al-Qaida. Il réitère sa fatwa contre le Hezbollah et appelle à l’union du Front Al-Nosra et de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL). Quelque temps plus tard, il s’aligne sur la position de Ayman Al-Zawahiri qui appelle les djihadistes à rallier Al-Nosra et considère les combattants de l’EIIL comme des égarés dont il dénonce certaines pratiques, notamment l’application de la jizya (impôt) imposée aux chrétiens en échange de leur protection», écrivait Orient XXI en mars 2014, lors d'un premier passage d'Abou Qatada devant la justice jordanienne. 

Une position opposée à l'Etat Islamique qui ne remet pas en cause l’ordre en Jordanie. Ce qui peut aussi expliquer sa libération.

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