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Mort de Mandela : l'apartheid, c'était quoi ?

Avant d'être élu président de l'Afrique du sud, Nelson Mandela a consacré la plus grande partie de sa vie à combattre l'apartheid. Ce régime ségrégationniste d'une dureté inouïe a durablement marqué l'histoire de ce pays.
Article rédigé par Gérald Roux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (STR new Reuters)

Systématisée en 1948, l'apartheid était une doctrine qui imposait à tous les niveaux de la société une stricte ségrégation raciale. Ses racines plongent profondément dans l'histoire sud-africaine.

Dés le XVIIe siècle

Très tôt, le pays s'est employé à séparer les races. Au XVIIe siècle,  les premiers colons hollandais ont planté une haie d'amandiers pour empêcher l'accès de la péninsule du Cap aux indigènes.
Les noirs ont été obligés de se munir d'un permis spécial pour se déplacer en 1797. Dés sa fondation en 1886, Johannesburg a relégué ses habitants de couleur dans des quartiers périphériques.

20e siècle

L'Afrique du Sud contemporaine est née en 1910 de l'union des maîtres du pays anglais et des Afrikaners (ou Boers), les descendants des colons hollandais. La majorité noire du pays est alors complètement ignorée.
La ségrégation est renforcée dans les années 1910 et 1920 avec notamment l'interdiction aux Noirs d'acheter la terre hors de réserves pauvres et étriquées ou l'interdiction de pratiquer certaines professions qualifiées.

En 1948, le processus est systématisé avec la victoire du Parti national, un mouvement ouvertement raciste qui veut protéger les intérêts afrikaners face à la majorité noire rapidement amalgamé au communisme en pleine guerre froide, alors qu'une grande partie de l'Afrique se décolonise et penche souvent vers le socialisme. 

Racisme institutionnel

Un premier texte interdit les mariages interraciaux en 1949, puis les relations sexuelles entre personnes de races différentes l'année suivante.
L'apartheid étiquette la population selon quatre couleurs de peau appelée "races" (Blancs, Indiens, métis et Noirs), ce qui détermine ainsi toute leur vie.

En 1950, une loi sur l'habitat séparé institutionnalise la
ségrégation sur le territoire. Chaque morceau de ville est  réservé à telle ou telle race.
Des quartiers entiers, comme Sophiatown à Johannesburg ou District Six au Cap, sont rasés, tandis que les populations de couleur sont  reléguées le plus loin possible dans des "townships", cités dortoirs sans âme. Le plus connu est Soweto, pour South West Township (le township au sud-ouest de Johannesburg). La population de Soweto est estimée aujourd'hui entre 900.000 et 1,1 millions d'habitants.   

Environ 3,5 millions de personnes ont été expulsées de force par l'apartheid. Leur quartier ou leur ferme sont attribué aux Blancs. Les Noirs devaient en permanence porter sur eux un "pass" prouvant qu'ils avaient bien un emploi en zone blanche.

Et ils n'avaient droit qu'à une éducation sommaire, jugée suffisante pour les emplois non qualifiés auxquels ils pouvaient prétendre.

La fin du régime

Les soulèvements des populations noires mené par l'ANC (Congrès national africain), la pression de la communauté internationale et difficultés économiques ont poussé Pretoria à abolir les lois racistes l'une après l'autre à partir des années 1980.

L'apartheid a vraiment disparu avec les élections multiraciales de 1994, et l'arrivée au pouvoir de Nelson Mandela. Mais les anciennes lignes de partage restent visibles dans le quotidien des Sud-Africains. La référence aux races reste constante.

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