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Les présidents américain et français ont tenu à afficher l'excellence de leurs rapports mardi à la Maison blanche

Nicolas Sarkozy et Barack Obama ont rivalisé de compliments devant la presse, le chef de la Maison blanche n'hésitant pas à donner du "Nicolas" à son hôte devant les journalistes.Nicolas Sarkozy et son épouse Carla ont ensuite été reçus pour un dîner dans les salons privés de la présidence américaine, un "privilège rare", selon les observateurs.
Article rédigé par France2.fr
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Barack Obama et Nicolas Sarkozy lors de la conférence de presse à l'issue de leurs entretiens à la Maison blanche (France 2)

Nicolas Sarkozy et Barack Obama ont rivalisé de compliments devant la presse, le chef de la Maison blanche n'hésitant pas à donner du "Nicolas" à son hôte devant les journalistes.

Nicolas Sarkozy et son épouse Carla ont ensuite été reçus pour un dîner dans les salons privés de la présidence américaine, un "privilège rare", selon les observateurs.

"Rarement dans l'histoire, la communauté de vues a été aussi identique entre les Etats-Unis et la France", a affirmé le locataire de l'Elysée à l'issue de plus d'une heure d'entretien avec son hôte américain. Ce dernier a assuré que sur les grands dossiers internationaux, les deux pays n'avaient "jamais été aussi proches", tirant un trait sur les différences qui les ont séparés, de la fermeté contre l'Iran à la régulation de la finance en passant par la lutte contre le réchauffement climatique.

Iran et Afghanistan
Les deux chefs d'Etat se sont dit "unis et inséparables" sur les dossiers iranien et afghan. "L'Iran ne peut pas continuer sa course folle", a affirmé le président français. Son homologue américain a dit espérer que l'adoption de nouvelles sanctions contre Téhéran était une question de semaines. "J'ai l'espoir que ce sera fait ce printemps", a-t-il dit. "Je souhaite voir ce régime (de sanctions) en place dans quelques semaines", a-t-il ajouté. Barack Obama a assuré que les Etats-Unis et la France étaient "unis" pour empêcher l'Iran d'acquérir l'arme atomique.

S'agissant de l'Afghanistan, Barack Obama s'est abstenu de toute demande explicite d'envoi de nouveaux renforts français pour l'instruction des militaires et policiers locaux. Mais selon l'entourage du président français, cité par Reuters, l'Elysée a fait savoir que Paris était prêt à accroître sa participation à cet effort de formation.

Oubliant les frictions transatlantiques sur la régulation financière, ils ont par ailleurs exprimé leur détermination à mettre en oeuvre les décisions du G20 en la matière.

Nicolas Sarkozy a apporté son soutien aux efforts des Etats-Unis pour relancer les négociations de paix au Proche-Orient, qui se sont heurtés récemment à l'annonce par Israël de nouvelles constructions dans les territoires occupés. Sur ce dernier point, il a exprimé sa "solidarité avec le président Obama dans la condamnation du processus de colonisation", qui "n'amène rien à la sécurité" de l'Etat hébreu.

Avions ravitailleurs: "le processus sera libre"
En ce qui concerne le sujet épineux des avions ravitailleurs de l'armée américaine, contrat pour lequel EADS et son partenaire américain Northrop Grumman s'étaient retirés de l'appel d'offres en laissant le champ libre à Boeing, le président Obama a indiqué que "le processus sera libre et juste, et la confiance est justifiée". Nicolas Sarkozy avait dit auparavant faire "confiance" au président américain pour assurer la transparence de cette sélection.

EADS avait fait valoir que la compétition était à son avis biaisée en faveur de son unique concurrent Boeing. Ce retrait avait provoqué l'ire de Paris et Berlin contre Washington, M. Sarkozy affirmant le 12 mars à Londres: "c'est pas des méthodes". Mais le 19, après des concessions du Pentagone, EADS avait dit être prêt à reconsidérer sa position.

Ce marché, d'un montant de 35 milliards de dollars, avait été attribué en 2003 à Boeing, puis en 2008 à celui d'Airbus (EADS) et son allié américain Northrop Grumman en 2008. Mais ces choix avaient à chaque fois été annulés. Barack Obama a toutefois souligné que la décision n'était pas la sienne, mais celle du ministre de la Défense, Robert Gates.

Dans l'entourage du président français, on souligne que les autres points de friction n'ont pas été évoqués.

Echange d'amabilités
Les deux hommes ont transformé leur conférence de presse en exercice d'entente cordiale, soucieux visiblement de faire oublier les irritations voire les divergences qui avaient pu apparaître lors de précédentes rencontres.

De son côté, le président américain s'est efforcé de tordre le cou aux informations de presse qui évoquaient son "agacement" vis-à-vis de l'empressement de son homologue français à s'afficher à ses côtés. L'hebdomadaire Newsweek avait été jusqu'à évoquer "le complexe d'Obama de Sarkozy".

Son départ anticipé de Paris au lendemain de sa visite sur les plages du Débarquement en juin 2009, sans passer par l'Elysée, était interprété comme une rebuffade ? Il a exalté le souvenir de son séjour français. "Cette visite [d'aujourd'hui] est une occasion de rendre au président et aux Français l'hospitalité qu'ils m'ont manifestée pendant ma visite", a-t-il souligné, "et je crois que Sasha [sa fille cadette, NDLR] n'oubliera jamais avoir fêté
l'anniversaire de ses huit ans à l'Elysée avec le président français".

Barack Obama n'a pas non plus lésiné sur la politique et les qualités personnelles de son invité. Pêle-mêle, il a loué sa décision de réintégrer la France dans le commandement militaire intégré de l'OTAN ainsi que son "discours éloquent" devant le Congrès fin 2007. Il a même confessé "admirer son énergie légendaire" depuis leur première rencontre en 2006.

Sur le même ton, Nicolas Sarkozy a longuement loué sa complicité avec Barack Obama et leur "facilité à travailler ensemble". "J'ai lu beaucoup de commentaires, ça m'a amusé", a remarqué en préambule le président français. "Pourquoi c'est facile pour nous de travailler ? D'abord parce que le président Obama, quand il dit quelque chose, il tient parole, et c'est extrêmement important", a-t-il poursuivi, "quand il peut il le dit, quand il ne peut pas il le dit, il n'y a pas de surprise".

Le Français a alors détaillé sa "discussion constante" avec l'Américain. Sur la reprise du dialogue franco-syrien, "pas un moment le président Obama n'a ignoré ce qu'on faisait" et sur la Russie, "avant même d'informer les Russes, j'appelle le président Obama", a dit Nicolas Sarkozy. Pour compléter ce tableau sans bavure de leur complicité, Barack Obama a même vanté le "palais raffiné" de son invité qui avait déjeuné dans un célèbre restaurant de Washington connu pour ses hot-dogs.

Réaction de Martine Aubry
Pour la première secrétaire du PS, Martine Aubry, interviewée aux 4 Vérités sur France 2, la rencontre de la Maison blanche s'est résumée à "de belles images". "Ce ne sont pas de belles images qui changeront la vie de tous les jours des Français, pouvoir d'achat, emploi, crise de l'hôpital", selon elle.

"Ce que je retiens, c'est que la presse américaine a été un peu étonnée du ton 'donneur de leçons' de Nicolas Sarkozy qui est venu dire aux Américains, 'il faut réguler le monde, réguler la finance' alors qu'Obama le fait. Il a dit la même chose sur l'environnement, sur la santé, il a osé dire, 'oui, c'est bien, mais enfin nous sommes beaucoup plus en avance'", a-t-elle dit.

Barack Obama "a un cap, a relancé l'économie face à la crise, a taxé les plus puissants, et fait une réforme sur la santé qui va dans le sens du progrès. Nous en France, quand on réforme aujourd'hui, c'est de la régression sociale et du recul. J'espère qu'il aura été inspiré par son ami Barack Obama", a ajouté la patronne des socialistes.

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