Les opposants marocains ont appelé samedi à la poursuite des protestations contre le régime après le oui au référendum
Dimanche, "nous verrons la réaction du peuple", a promis Najib Chaoukri, l'un des coordinateurs du Mouvement du 20-février pour qui le projet de réforme de la Constitution proposé par le roi Mohamed VI est un leurre.
Des dizaines de milliers de Marocains avaient défilé dimanche dernier dans les rues de Rabat, Casablanca et Tanger.
Soupçons d'irrégularités
Pour Fathallah Arsalane, de l'organisation islamique Justice et spiritualité, interdite par les autorités mais qui est la plus importante force d'opposition organisée au roi, "les chiffres de la participation ont été truqués".
"Nos militants ont surveillé les bureaux de vote dans l'ensemble du pays et ce qu'ils ont constaté est bien inférieur aux chiffres du ministère", a ajouté Arsalana.
Ali Bouabid, membre du comité exécutif de l'USFP (Union socialiste des forces populaires), a mis en doute pour sa part les procédures de vote dans le bureau de vote où il est allé déposer son bulletin.
"J'ai tendu ma carte d'électeur et demandé s'ils voulaient vérifier mon identité. On m'a alors dit on ne le fait pas'", a-t-il expliqué sur sa page Facebook.
"Nous savions dès le début que le référendum soutiendrait la réforme, mais pas nécessairement pour de bonnes raisons", a dit de son côté Ouïdad Melhaf, une militante du "20-Février".
"La pauvreté endémique, l'illetrisme et la peur de l'Etat ont joué un rôle capital dans l'issue du scrutin", a-t-elle dit.
Le Mouvement des jeunes contestataires du 20 février, qui revendique plus de 62.000 membres avait appelé au boycott. "C'est un référendum illégal car il a été marqué par des violations massives du principe démocratique. Les autorités ont profité des conditions sociales des gens et les ont forcés à aller voter pour le oui", a déclaré un autre membre de cette organisation.
La réforme de la Constitution a été proposée par le roi Mohamed VI afin de répondre aux aspirations démocratiques exprimées depuis le début de l'année dans le contexte des révoltes à travers le monde arabe.
Selon le ministre de l'Intérieur Taïb Cherkaoui, les résultats préliminaires montrent que 98,5% des votants ont approuvé la nouvelle Loi fondamentale dans 94 % des bureaux de vote.
"Le référendum s'est déroulé dans un climat serein qui a montré le degré d'interaction entre le peuple et le contenu du projet de Constitution", a commenté le ministre de l'Intérieur. "Les jeunes de moins de 35 ans représentent 30% des votants", a-t-il ajouté.
Conforté par un taux de participation élevé, frisant officiellement les 73%, le résultat va être interprété comme un vote de confiance en faveur du souverain. Ce chiffre est très supérieur aux prévisions de certains analystes ainsi qu'aux 52% de votants enregistrés lors des dernières élections municipales, en 2009.
La consultation, suivie de près par les monarchies du Golfe, est le premier référendum constitutionnel organisé depuis l'accession au trône de Mohamed VI, en 1999.
Réactions internationales
- "Nous soutenons les Marocains et leurs dirigeants dans leurs efforts pour renforcer le règne de la loi, élever les normes de droits de l'Homme, promouvoir la bonne gouvernance et oeuvrer vers une réforme démocratique à long terme", a déclaré la secrétaire d'Etat Hillary Clinton.
- Le président français Nicolas Sarkozy "a fait part au roi du plein soutien de la France au processus exemplaire par lequel le Maroc poursuit résolument et pacifiquement son approfondissement démocratique", selon un communiqué de l'Elysée.
- L'Union européenne a encouragé "une mise en oeuvre rapide et réelle de ce programme de réformes" tandis que Madrid a salué la volonté de réformes du roi devenue "une référence pour beaucoup d'autres pays".
Le projet de réforme de la Constitution
Le texte prévoit que le souverain continuera de nommer le Premier ministre, mais ce dernier devra être issu du parti ayant remporté le plus de sièges aux élections législatives. Mais le chef du gouvernement aura la possibilité de dissoudre le Parlement, pouvoir qui dépendait du roi avant le projet de réformes.
Le texte reconnaît explicitement les pouvoirs exécutifs du gouvernement mais maintient le monarque à la tête de l'armée et du système judiciaire. Le roi conserve son statut de Commandeur des Croyants, qui fait de lui la seule autorité religieuse au Maroc.
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