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Les Noirs américains marchent sur Washington, 50 ans après

Les Etats-Unis ont décidé de faire les choses en grand pour l'anniversaire du discours "J'ai fait un rêve", de Martin Luther King. 50 ans après la "Marche sur Washington", à l'issue de laquelle il avait été prononcé, une nouvelle marche est prévue ce samedi dans la capitale, en hommage au pasteur américain, assassiné en 1968. Le point d'orgue des célébrations aura lieu mercredi, jour exact de l'anniversaire.
Article rédigé par Lucas Roxo
Radio France
Publié Mis à jour
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Cela fait presque 50 ans. Le 28 août 1963, le pasteur Martin Luther King prononçait le discours "I have a dream " ("J'ai fait un rêve "), devenu mondialement connu et diffusé, notamment depuis sa mort, en 1968. 

Le pasteur américain, grand acteur de la lutte pour l'égalité de droits et contre les discriminations raciales à l'époque de la ségrégation, est depuis devenu un véritable symbole. A Washington, un mémorial en son honneur a même été inauguré il y a deux ans, par Barack Obama.

150.000 personnes attendues

Pour commémorer son discours, les Américains ont donc fait les choses en grand : ce n'est pas une seule journée que les héritiers du pasteur noir consacrent à l'anniversaire du discours, mais sept.

Cette semaine de commémoration, qui s'étend du mercredi 21 au mercredi 28 août (jour exact de l'anniversaire) a son lot de festivités en tout genre. Si le point d'orgue reste le discours que prononcera le président Obama mercredi prochain, au même endroit que celui de Luther King, des centaines de milliers d'Américains se déplaceront à Washington dès ce samedi, pour assister à la reconstitution de la marche.

(L'affiche pour la commémoration de la marche)

Car si elle est moins connue que le discours de Martin Luther King en lui-même, la marche sur Washington, intitulée à l'époque "Marche vers Washington pour le travail et la liberté" (en anglais March on Washington for Jobs and Freedom ) n'est pas moins importante pour autant. 

Le groupe des "Big Six"

La marche, qui est allée du Washington Monument au Lincoln Memorial, avait rassemblé entre 200.000 et 300.000 personnes. Elle avait été organisée par le groupe des "Big Six", ces six leaders des droits civiques dont faisait partie Martin Luther King. 

Par ailleurs, c'est à l'issue de cette marche qu'a été prononcé, devant le Lincoln Memorial, le fameux discours. Martin Luther King n'était pas du tout le seul organisateur de la marche, comme cela a pu être dit. Initialement, il n'était même pas censé parler.

Mais il a parlé en dernier, et son discours est le seul qui est resté célèbre. Il a été élevé au rang de mythe quelques années plus tard, après son assassinat. 

La marche a elle été très médiatisée, même dans les médias internationaux, ce qui était inédit pour l'époque. Elle était pourtant extrêmement crainte par le gouvernement américain, qui avait peur qu'elle dégénère en émeutes. Surtout, elle n'était pas censée être "raciale" (mais défendre l'égalité et l'emploi) : c'est dans les représentations qu'elle l'est ensuite devenue. 

L'Amérique se réveille à peine de la mort de Trayvon Martin

Si la reconstitution de la marche est particulièrement attendue, 50 ans après, c'est parce que l'actualité récente a fait resurgir les vieux démons de l'époque. 

"Cinquante ans plus tard, le travail entamé lors de la marche de 1963 est loin d'être terminé ", estime Benjamin Jealous de la NAACP, une des principales associations de défense des droits des Noirs. "Le droit de vote est cible d'attaques, le taux de chômage des Noirs continue à grimper en flèche et des milliers d'enfants noirs vivent dans des quartiers paupérisés et vont dans des écoles où n'existe aucune mixité raciale ", ajoute-t-il.

Plus que ces données sociales et politiques, c'est la mort de Trayvon Martin et l'acquittement du tireur, qui ont choqué la population. De nombreuses marches, sur le modèle de celle de Washington, ont été organisées depuis, pour réclamer justice. Même le président américain, Barack Obama, a pris fait et cause pour ce jeune, dont la seule faute avait été de porter un sweat à capuche. 

C'est donc quelques mois après cette affaire, que la communauté noire américaine n'a toujours pas digéré, que seront célébrés les 50 ans de la marche de Washington. Et si la marche restera un moment de simple commémoration, le discours de Barack Obama mercredi prochain, dont les positions sur les discriminations raciales sont timides, sera scruté par tous. 

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