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Les lanceurs d'alerte inventent de nouvelles manières de faire de la politique

Edward Snowden, Julian Assange, le soldat Manning : trois lanceurs d'alerte qui ont décidé de défier les puissants et les lobbys, parfois au péril de leur liberté. Considérés comme des héros des temps modernes par les uns et comme des traîtres inconscients par les autres, ils ont le mérite de redéfinir les règles de la démocratie, estime Geoffroy de Lagasnerie, auteur de "L’Art de la révolte".
Article rédigé par franceinfo
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  (Geoffroy de Lagasnerie, auteur de "L’Art de la révolte" © Raphael Schneider)

Edward Snowden, Julian Assange et Chelsea Manning sont souvent considérés comme des lanceurs d’alerte ayant révélé des informations. Mais pour Geoffroy de Lagasnerie, ils sont bien plus que cela : ce sont des personnages exemplaires qui réinventent un art de la révolte. "Ce sont des gens qui inventent un nouveau type de subjectivité politique, des individus qui ne se définissent pas par leur appartenance à un Etat, mais par leur appartenance aux idéaux démocratiques. Quand leurs idéaux démocratiques viennent en contradiction avec leur appartenance nationale, ils divorcent de leur Etat et trouvent des moyens par le droit d’asile pour continuer leur activité, " explique l'auteur de L’Art de la révolte . Snowden, Assange, Manning.

 

Avec eux, nous assistons à l’émergence d’une nouvelle manière de penser la politique et de se constituer comme sujet politique. "Cela va produire de nouvelles fuites, de nouvelles dénonciations anonymes, de nouveaux gestes radicaux de contestation. " Depuis l’affaire Snowden des moyens ont été mis en œuvre pour protéger les lanceurs d’alerte. "Les volontés de protéger les lanceurs d’alerte sont des volontés de les réinscrire dans les circuits traditionnels de la contestation. La figure de l’anonymat telle que WikiLeaks l’a fait fonctionner est une manière plus anarchique de comprendre la dénonciation et la problématique de la fuite, " estime Geoffroy de Lagasnerie.

"Citizenfour"

Le documentaire d'espionnage Citizenfour  sort ce mercredi dans les salles de cinéma. Le film a été oscarisé à Los Angeles et récompensé dans une quinzaine d'autres cérémonies à travers le monde. Un succès que la réalisatrice Laura Poitras doit à des images uniques, voire historiques, tournées en temps réel dans la chambre d'hôtel où l’informaticien américain Edward Snowden révéla en 2013 à des journalistes du Guardian ce qui allait devenir le scandale des écoutes de la NSA (Agence nationale de sécurité).

 

"Ce qu’a très bien réussi Laura Poitras c’est d’avoir compris que dans les lanceurs d’alerte, il y a deux choses qu’il faut distinguer : les objets de leur contestation et la question de leur démarche. Celle de Snowden est très claire. Il emploie des images codifiées pour parler de lui-même et quand on regarde les images de Laura Poitras on voit une extrême fragilité. Il ne sait pas comment penser ce qui est en train d’arriver et ce qu’il est en train d’inventer, " explique Geoffroy de Lagasnerie.

"Les lanceurs d'alerte inventent un nouveau type de subjectivité politique" : Geoffroy de Lagasnerie
 

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