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Les Français sont priés de quitter la Guinée

La France a demandé à ses 2.500 ressortissants résidant en Guinée de quitter le pays à cause d'une situation détériorée
Article rédigé par France2.fr
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La France a demandé à ses 2.500 ressortissants résidant en Guinée de quitter le pays à cause d'une situation détérioréeLa France a demandé à ses 2.500 ressortissants résidant en Guinée de quitter le pays à cause d'une situation détériorée

Il s'agit d'apporter une première réponse avant d'envisager une évacuation si la situation se dégrade a dit le secrétaire d'Etat à la Coopération, Alain Joyandet.

De son côté, dans un décret diffusé vendredi par la radio publique, le chef de l'Etat de la Guinée équatoriale a annoncé qu'une élection présidentielle anticipée se tiendra le 29 novembre.

La situation s'est détériorée à Conakry, mentionne le ministère des Affaires étrangères sur son site Internetn avec la multiplication d'actes de banditisme.

"Nous craignons que la sécurité des personnes ne soit pas assurée", a dit Alain Joyandet sur France 24, précisant qu'il n'y avait pas de menace particulière contre les Français. "Nous préférons avoir une réponse graduée. Si la situation venait à se déteriorer encore plus, alors nous verrions quelle serait la réponse la plus appropriée", a-t-il ajouté.

Le ministre de la Défense, Hervé Morin, a parlé de mesure de prudence. "Nous avons conseillé à nos ressortissants dont la présence n'est pas indispensable de quitter la Guinée s'ils le souhaitent. C'est une consigne de prudence, une mesure de précaution", a-t-il déclaré à la presse sur l'île de La Réunion, première étape d'une tournée dans l'océan Indien.

L'armée française n'a mis en place aucun dispositif militaire particulier, a précisé le ministre.

La junte au pouvoir, commandée par le capitaine Moussa Dadis Camara, affirme que 56 civils ont été tués et 934 personnes blessées lors de cette manifestation à Conakry, tandis que l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'Homme estime que plus de 157 personnes ont été tuées et 1.200 blessées, dont de nombreuses femmes violées.

Dans la capitale et sa banlieue, "les conditions de sécurité sont sensiblement dégradées avec une augmentation du nombre d'attaques à main armée", précise aussi le ministère. "Des malfaiteurs prennent en filature des personnes à la sortie de l'aéroport et les agressent à l'arrivée à leur domicile afin d'y pénétrer et de voler", ajoute-t-il.
Des "attaques d'habitations ou de véhicules avec leur conducteur à bord, par des groupes armés et organisés" ont aussi été signalées, selon le ministère.

Ne pas ouvrir sa porte à des militaires ou à des policiers


"Ces agressions peuvent se dérouler dès la nuit tombée et dans pratiquement tous les quartiers de la capitale, les moyenne et lointaine banlieues étant aussi touchées. Les agresseurs sont armés, souvent porteurs d'uniformes kaki ou noir type treillis, et parfois cagoulés. Ils n'hésitent pas à utiliser la violence", met en garde le ministère. "Il convient par ailleurs de ne pas ouvrir sa porte à des policiers ou militaires qui se présenteraient à l'impromptu", ajoute le site internet du Quai d'Orsay.

La violente répression par l'armée de la manifestation de l'opposition à Conakry le 28 septembre a soulevé l'indignation de la communauté internationale. L'Union africaine (UA), menaçant d'imposer des sanctions, a donné jusqu'à samedi à la junte pour qu'elle s'engage par écrit à ne pas présenter de candidat à l'élection présidentielle de janvier 2010. Les Etats-Unis ont demandé à la junte de quitter le pouvoir tandis que la Commission européenne estimait que le capitaine Camara devait être jugé pour "crimes contre l'humanité".

Ouverture d'une enquête
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a décidé de créer une commission internationale d'enquête sur les violences meurtrières du 28 septembre. M. Ban "demeure profondément préoccupé par la situation tendue qui prévaut en Guinée à la suite de la répression violente de civils non armés, le 28 septembre à Conakry", a déclaré Mme Montas lors d'un point de presse. Il "a décidé de créer une commission (...) pour mener des investigations sur ces incidents afin de déterminer la responsabilité des personnes impliquées", a-t-elle ajouté.

Mme Montas a indiqué qu'une mission de l'ONU allait se rendre immédiatement en Guinée pour examiner les modalités de l'établissement d'une telle commission.

Elections anticipées critiquées

Concernant le scrutin du 29 novembre, il est probable que le président sortant, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, au pouvoir depuis trente ans, se représente et rencontre peu d'opposition. Il a remporté avec 97,1% des voix l'élection présidentielle de décembre 2002 après le retrait de ses principaux adversaires, consécutif à une répression de l'opposition politique.

Placido Mico, secrétaire général du parti d'opposition CPDS,
a condamné la convocation d'élections anticipées alors que
l'opposition s'attendait à ce que le scrutin ait lieu au début
de l'an prochain.

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