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Les forces de Mouammar Kadhafi ont accentué mardi la pression, bombardant la rébellion à l'est et à l'ouest

Dans le même temps, la communauté internationale a multiplié ses appels pour instaurer une zone d'exclusion aérienne.Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a accusé les Occidentaux, notamment la France, de mener "un complot colonialiste" contre son pays, dans un entretien diffusé mercredi matin par la chaîne d'information française LCI.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Arrivée du leader libyen Mouammar Kadhafi à l'hôtel Rixos, le 8 mars 2011, à Tripoli. (AFP/MAHMUD TURKIA)

Dans le même temps, la communauté internationale a multiplié ses appels pour instaurer une zone d'exclusion aérienne.

Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a accusé les Occidentaux, notamment la France, de mener "un complot colonialiste" contre son pays, dans un entretien diffusé mercredi matin par la chaîne d'information française LCI.

Interrogé sur les positions des Occidentaux, et notamment de Paris, qui ont apporté leur soutien aux insurgés, le colonel, dont les propos étaient traduits en français, a répondu: "Ils veulent coloniser la Libye à nouveau. C'est un complot colonialiste". Egalement interrogé sur le fait de savoir s'il envisageait des "mesures de représailles" contre la France, le dirigeant libyen s'est borné à lancer un laconique "on verra", tout en se disant confiant sur de futures "visites" en Europe une fois que "tout cela sera terminé".

M. Kadhafi, qui a juré de mater dans le sang la rébellion débutée le 15 février, a mis en garde contre toute ingérence de l'Occident dans son pays lors d'un entretien téléphonique avec le Premier ministre grec Georges Papandréou.

L'opposition a entretemps rejeté toute négociation avec le régime exigeant que le leader libyen quitte le pays et promettant le cas échéant de ne pas engager de poursuites contre lui.

Malgré les sanctions internationales imposées au clan Kadhafi - gel des avoirs, interdiction de voyages -, l'ouverture d'une enquête de la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité et les appels à s'en aller, le leader libyen s'accroche au pouvoir. Ses forces tentent de stopper la progression vers l'Ouest des insurgés qui contrôlent la région orientale pétrolière ainsi que certaines localités de l'Ouest, lançant une opération de reconquête avec ses chars et avions contre les opposants moins bien armés.

Ainsi, l'aviation a bombardé la ville pétrolière de Ras Lanouf, base la plus avancée de l'opposition dans l'Est, faisant un blessé et touchant un immeuble. La banlieue ouest du port, à environ 300 km au sud-ouest de Benghazi, a été pilonnée et trois personnes ont été blessées, les rebelles parlant d'un déluge de feu. A l'ouest de Tripoli, l'opposition contrôlait Zenten mais la ville était encerclée, selon un témoin français. Les forces loyalistes ont lancé parallèlement un assaut sur Zawiyah, le bastion des insurgés le plus proche de la capitale, selon un ancien responsable libyen qui a fait défection, Mourad Hemayma.

La communauté internationale s'active
Pour tenter de mettre fin à la répression sanglante, le président américain Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron, qui affichent désormais ouvertement leur soutien à l'insurrection, ont convenu de poursuivre la planification de "toute la gamme" d'actions possibles, dont l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne.

Les Etats-Unis et l'Union européenne ont rencontré des représentants du Conseil national de transition mis en place par la rébellion à Benghazi (1.000 de km à l'est de Tripoli), épicentre de l'insurrection.

Alors que les violences prennent des allures de guerre civile dans ce pays pétrolier, le marché redoute une crise prolongée qui affecterait les approvisionnements mondiaux et imposerait un recours aux stocks stratégiques de brut, ce qui catapulterait le baril à des taux record.

Face à l'escalade des combats meurtriers depuis le début de la révolte, les Occidentaux se concertent jeudi et vendredi à Bruxelles au sein de l'Otan et de l'UE, pour tenter d'aider l'opposition sans enfreindre le droit international ni déstabiliser la région. Le vice-président américain Joe Biden doit lui rencontrer mercredi à Moscou le président russe Dmitri Medvedev pour tenter de surmonter les divergences des deux pays sur la Libye.

La Ligue arabe a prévu, elle aussi, une réunion de crise samedi pour évoquer la zone d'exclusion, après l'accord des monarchies arabes du Golfe et de l'Organisation de la conférence islamique pour sa mise en place.

Alors que près de 200.000 personnes ont fui les combats en Libye, l'ONU a chargé l'ex-ministre jordanien des Affaires étrangères Abdel Ilah Khatib d'entreprendre des "consultations urgentes" avec Tripoli sur la crise humanitaire.

L'Union européenne a en outre approuvé de nouvelles sanctions contre la Libye, visant un fonds souverain et la Banque centrale. Le gouverneur de la Banque centrale libyenne, clé des finances du régime et objet de recherches internationales, a refait surface en Turquie, a annoncé le Financial Times. Farhat Omar Bengdara a assuré au journal continuer d'assumer ses responsabilités et n'être à l'étranger que pour mieux veiller aux affaires.

Ashton refuse de soutenir la reconnaissance de l'opposition libyenne
Mercredi la chef de la Diplomatie européenne, Catherine Ashton, a jeté un froid au Parlement européen quand elle a déclaré refuser de soutenir la reconnaissance du Conseil national de transition constitué par l'opposition à Mouammar Kadhafi: "C'est au Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement de prendre cette décision", a-t-elle affirmé à l'issue d'un débat au Parlement européen à Strasbourg alors que les principaux groupes politiques avaient réclamé cette reconnaissance.
"Dans votre mandat, il est dit que vous devez présenter des propositions aux Etats. Nous voulons, Madame que vous preniez votre rôle au sérieux. Vous devez présenter cette proposition (aux dirigeants européens), sinon il y aura une grave crise entre vous et le Parlement européen", a averti le co-président des Verts Daniel Cohn-Bendit. "Je n'accepte pas cette idée d'une grande crise", lui a répondu Mme Ashton.

"La reconnaissance d'un gouvernement est octroyée par le Conseil" des chefs d'Etat et de gouvernement qui se réunit vendredi à Bruxelles. "C'est aux Etats de prendre la décision", a-t-elle plaidé.

Le Parlement européen doit se prononcer jeudi sur un projet de résolution commune dans lequel il demande de reconnaître le Conseil national de transition constitué par l'opposition au colonel Mouammar Kadhafi et de soutenir l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne.

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