Les Cubains peuvent désormais importer des voitures
Ce n'est sans doute pas l'historique poignée de mains entre Raul Castro et Barack Obama qui a poussé La Havane à autoriser la libre importation de véhicules à Cuba. Mais ces deux gestes, à quelques semaines d'intervalle, montrent que l'île communiste prend un nouveau tournant.
L'annonce a été faite par le quotidien officiel du gouvernement Granma, ce jeudi : les Cubains vont désormais pouvoir importer et commercialiser des véhicules à moteur. Sera autorisée la vente au détail de motos, voitures, fourgonnettes, camionnettes et mini-bus importés, neufs ou d'occasion, pour les Cubains et les étrangers résidents dans l'île, ainsi que pour les organisations étrangères ou diplomatiques.
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Plus assez de grosses berlines
Le changement est extrêmement significatif : jusqu'à présent, le gouvernement avait uniquement autorisé l'achat et la vente de véhicules entre les Cubains et les étrangers résidents.
Mais le nombre de voitures commercialisées était faible, d'autant que pour acheter une voiture dans une entité commerciale cubaine, il fallait avoir une autorisation du ministère des Transports et pouvoir prouver l'utilité du véhicule dans le cadre "d'un travail assigné par l'Etat ou dans l'intérêt de celui-ci ".
Le gouvernement a donc relativement rapidement reconnu l'échec de cette politique, qui ne date pourtant que de quelques mois. C'est en septembre 2011 que La Havane avait autorisé l'achat ou l'échange de voitures; auparavant, les Cubains ne pouvaient acheter ou vendre que des véhicules enregistrés avant l'avènement de la révolution, en 1959.
C'était pour la plupart de grosses berlines américaines, connues sous le nom d'"almendrones" ("grosses amandes"). L'article de Granma explique que c'est lors du 6e Congrès du Parti Communiste Cubain, réalisé en avril 2013, que les cadres du parti ont constaté la très basse disponibilité de véhicules, et que le changement opéré en septembre 2011 était "obsolète et inadapté ".
La priorité donnée aux transports publics
"L'absence de disponibilité de véhicules, la restriction des véhicules à certaines catégories et l'existence d'un autre marché vendant des voitures à des prix parfois plus chers que ceux des entreprises d'Etat ont généré de l'insatisfaction (...) et ont parfois été jusqu'à entraîner de l'enrichissement et de la spéculation ", peut-on y lire.
D'autant que les transports publics, à Cuba, sont dans un état déplorable. Selon Granma, la libération des importations de véhicules s'effectuera ainsi "de manière graduelle " et le produit de ces ventes permettra la création d'un "fonds spécial pour le développement du transport public ".
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Les prix devront être "similaires à ceux pratiqués sur le marché " d'achat-vente entre particuliers, ouvert depuis septembre 2011. Cette mesure phare devrait permettre un afflux de véhicules neufs, jusqu'à présent importés au compte-goutte, et illustre le tournant pris par les autorités cubaines depuis que Raul Castro est au pouvoir, qui s'ouvrent progressivement à l'économie de marché.
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