Le président yéménite Ali Abdallah Saleh a limogé mardi les gouverneurs de cinq provinces
Les provinces concernées, dont celle d'Aden, sont le théâtre de violentes manifestations. Les personnes limogées n'ont pas été remplacées dans l'immédiat.
Des dizaines de milliers d'opposants se sont rassemblés mardi dans plusieurs villes du pays pour un "jour de colère", à la mémoire des 27 manifestants tués depuis le début de la contestation.
Après une journée de forte mobilisation contre le pouvoir, une source officielle a annoncé le limogeage des gouverneurs des provinces d'Aden, du Hadramout, d'Abyane et de Lahaj (Sud et Sud-est) en plus de celle de Hodeïda (Ouest).
Manifestation massive à Sanaa
Mardi matin des dizaines de milliers de personnes ont envahi Sanaa et se sont rassemblées devant l'Université, haut lieu de la contestation, pour demander le départ du président Saleh. "Le peuple veut la chute du régime, le peuple veut le départ d'Ali Abdallah Saleh", scandaient-ils. Il s'agit de la plus importante manifestation depuis le début de la contestation populaire au Yémen.
Des partisans du régime ont eux aussi organisé une importante manifestation, à l'appel du parti présidentiel, le Congrès populaire général (CPG).
Une vingtaine de manifestants ont été blessés dans le sud du pays, à Aden et dans l'Hadramaout, où l'armée était déployée en force. Certains ont été touchés par balles, selon des sources médicales.
Saleh accuse Obama
Le président yéménite, pourtant un allié clé des Etats-Unis, s'en est pris au président américain Barack Obama, accusant Israël et les Etats-Unis d'orchestrer les "révoltes" qui ont touché plusieurs pays arabes depuis la mi-janvier.
Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, n'est pas parvenu à contenir le mouvement qui agite depuis deux mois une population de 23 millions d'habitants dont 40% vivent avec moins de deux dollars par jour.
L'opposition parlementaire s'est ralliée au mouvement de protestation, ainsi que les chefs de plusieurs tribus puissantes, alors que le président Saleh comptait sur leur fidélité pour se maintenir au pouvoir.
Sit-in à Sanaa et à Taez
A Sanaa, les étudiants organisent un sit-in devant l'université depuis le 20 février. Ils ont promis de le maintenir jusqu'à la chute du régime. A Taez, la troisième ville du pays, des manifestants campent également depuis deux semaines.
Lundi, la police a dispersé à coups de matraques et de gaz lacrymogènes une manifestations de milliers de lycéens à Seyoun, dans la province du Hadramaout (sud). Des centaines de personnes défilent tous les soirs dans différents quartiers d'Aden. La grande ville du Sud a été le théâtre d'affrontements extrêmement violents vendredi dernier.
Des parlementaires protestent contre la répression
13 députés yéménites, dont l'un du Congrès Populaire Général (CPG) au pouvoir, ont "gelé leur participation au Parlement", pour protester contre l'usage de la force contre les manifestants et le "silence du Parlement". Onze députés du parti du Congrès Populaire Général avaient présenté leur démission la semaine dernière pour protester contre la répression des manifestations.
Selon Amnesty International, au moins 11 personnes ont été tuées vendredi, et 27 au total depuis le 16 février.
Le président Saleh met en garde contre une partition
Le président Ali Abdallah Saleh a mis en garde lundi contre une partition du pays si son régime venait à tomber sous la pression populaire. C'est lui qui a unifié le nord et le sud du Yémén en 1990.
Il avait réaffirmé samedi son intention de défendre le "régime républicain" jusqu'à la "dernière goutte de (son) sang".
Avant même la contestation dans l'ensemble du pays, le régime de Sanaa était confronté depuis plusieurs mois à une agitation séparatiste importante dans le sud. Par ailleurs, Sanaa affronte depuis plusieurs années une rebellion zaïdite (chiite) dans le nord du pays ainsi qu'une contestation d'islamistes radicaux, bien implantés dans le sud-est.
Le Yémen est la seule république de la péninsule arabique. Mais l'opposition dénonce la dérive autocratique du régime. Au pouvoir depuis 1978, Ali Abdallah Saleh, 68 ans, a été élu une première fois en 1999 au suffrage universel direct pour un mandat de sept ans. Il a été réélu en 2006 pour un mandat qui arrive à expiration en 2013. Il a toutefois promis, depuis le début des manifestations, de ne pas se représenter.
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