Le président syrien Bachar al-Assad a décrété mardi une amnistie générale
"Le président Assad a décrété un décret accordant une amnistie générale à tous les crimes commis avant le 31 mai 2011", a indiqué l'agence officielle Sana.
La télévision a indiqué que M.al-Assad va créer un organisme pour lancer le "dialogue national".
La répression se poursuit, faisant trois morts parmi les manifestants.
"L'amnistie poposé par le président Assad touche tous les détenus politiques ainsi que les membres de la confrérie des Frères musulmans.
Cette annonce est "insuffisante" et arrive "trop tard", a estimé l'opposition, réunie dans la station balnéaire d'Antalya (sud de la Turquie). Entre 300 et 400 participants y tiennent un sommet de trois jours à partir de mercredi afin de soutenir la contestation contre le régime et réclamer le départ d'Assad.
Le chef de la délégation des Frères musulmans assistant à cette réunion, Melhem al-Douroubi, a estimé que la "confrérie veut, à l'instar du peuple syrien, la chute du régime" Assad.
Mais à Damas, des militants comme le chef de la Ligue syrienne des droits de l'Homme, Abdel-Karim Rihaoui, ont accueilli favorablement cette amnistie.
Réactions internationales
Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a réclamé des autorités syriennes, après l'annonce d'une amnistie générale, "un changement de cap beaucoup plus clair, plus ambitieux, plus audacieux", mercredi sur France Culture.
Le président syrien n'a pas engagé de réformes sérieuses et la position de son gouvernement est "moins tenable" de jour en jour, déclaré la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. "Il (Assad) n'a pas appelé à mettre fin aux violences contre son propre peuple, et il ne s'est engagé dans aucun effort de réforme que ce soit", a dit Mme Clinton à la presse. "C'est pourquoi nous continuons à appeler instamment à la fin des violences et au commencement d'un processus réel qui pourrait amener aux changements réclamés", a-t-elle ajouté.
Un dialogue en cours
Plus tôt dans la journée de mardi, le pouvoir avait esquissé un autre signe d'ouverture en annonçant le début d'ici 48 heures d'un dialogue national avec l'opposition. Cette "commission pour le dialogue national" doit être formée d'ici jeudi avec des membres de "tous les courants politiques, et des personnalités politiques, économiques et de la société", a annoncé Mohammad Saïd Bkheitane, numéro 2 du parti Baas, au quotidien al-Watan. Il a d'emblée rejeté de revenir sur la prépondérance du parti Baas, qui selon la constitution "est le dirigeant de l'Etat et de la société", invitant les opposants à abolir cette clause en remportant la majorité au parlement.
Des élections législatives, les troisièmes depuis que le président Bachar al-Assad a succédé à son père Hafez al-Assad en juillet 2000, sont prévues dans les semaines à venir.
Ce n'est pas la première fois que le régime syrien fait montre d'ouverture en réponse aux manifestations pro-démocratie qui secouent le pays depuis le 15 mars.
Toujours la violence
Mardi deux civils ont été tués par des tirs des forces syriennes à Rastan où l'armée a poursuivi pour la troisième journée consécutive ses opérations de ratissage, et un autre dans la région de Deraa. Un quatrième manifestant a péri lundi à Hama, selon un militant des droits de l'Homme.
Depuis dimanche, des dizaines de chars encerclent Rastan et Talbisseh ainsi que le village de Teir Maaleh, pour mater la contestation dans les environs de Homs, troisième ville du pays. Par ailleurs, dans la nuit et à l'aube, "les forces de sécurité ont investi et procédé à des opérations de ratissage à Hirak", une ville de la région de Deraa, bastion de la contestation contre le régime, a indiqué un militant.
Le pouvoir a envoyé ces dernières semaines l'armée dans différentes villes, notamment à Tall Kalakh, Homs, Banias et Deraa, foyers de la révolte. Selon les organisations de défense des droits de l'Homme, plus de 1.100 civils ont été tués et au moins 10.000 personnes ont été interpellées dans le pays depuis le début du mouvement de contestation.
Par ailleurs, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki s'est prononcé mardi pour des réformes en Syrie afin de rétablir la stabilité. Paris a condamné "avec la plus grande fermeté la violence aveugle et brutale dont continuent à user les services de sécurité syriens".
La France "est consternée par les témoignages crédibles faisant état des tortures utilisées dans les prisons syriennes contre les manifestants pacifiques", a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, citant le jeune Hamzeh al-Khatib comme "symbole" de ces agissements. Samedi, les militants pro-démocratie en Syrie avaient dédié une page Facebook à ce garçon de 13 ans "torturé et tué" selon eux par les forces de sécurité à Deraa. Le ministre de l'Intérieur a ordonné une enquête sur les circonstances de la mort de ce garçon, a indiqué mardi la télévision d'Etat syrienne.
Le fonds mondial pour l'enfance (Unicef) a annoncé que 30 enfants avaient été tués par balles au cours des manifestations en Syrie. L'Unicef a rappelé l'existence de plusieurs informations faisant état d'un nombre croissant de petits Syriens blessés, détenus, déplacés, torturés voire tués lors de la répression des manifestations anti-gouvernementales.
D'autre part, les forces de l'ordre et des militaires ont réprimé mardi une mutinerie dans une prison à Alep (nord) dont les détenus, 7.000 au total, se sont soulevés par solidarité avec le mouvement de contestation en Syrie, a indiqué une ONG basée en Allemagne dans un communiqué.
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