Le président malgache abandonne le pouvoir
"L'ordonnance signée par M. Ravalomanana transfère les fonctions du président et du Premier ministre à un directoire militaire", selon un diplomate. Un message d'alerte du consulat de France aux ressortissants français établis à Antananarivo indique par ailleurs : "démission du président, risque de manifestations. Restez vigilants et évitez de circuler la nuit tombée" .
Quelques minutes auparavant, le chef de l'opposition et ancien maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina était entré dans les bureaux de la présidence au centre d'Antananarivo, suivi de milliers de partisans et salué par les militaires qui avaient pris le bâtiment lundi soir. "Je déclare solennellement que j'irai jusqu'au bout de mes forces. On est libre maintenant mais la route sera encore très difficile", a lancé le jeune opposant de 34 ans.
Dimanche encore, Marc Ravalomanana, 59 ans, assurait pourtant qu'il ne
démissionnerait "jamais" face à la contestation grandissante menée par Andry Rajoelina, qui s'est fait le porte-voix des frustrations de nombreux Malgaches touchés par la hausse des prix, et de leur ressentiment contre le président, décrit comme coupé de la population et affairiste.
Andry Rajoelina accusait le président Ravalomanana de mal utiliser les fonds publics et porter atteinte à la démocratie. Au cours du week-end, il s'est auto proclamé président, à la tête d'un "gouvernement de transition" et a promis une nouvelle présidentielle d'ici deux ans. Il avait appelé l'armée, dont une partie s'est désolidarisée de Marc Ravalomanana, à arrêter le président, mais les militaires n'ont pas suivi. La faction qui a pris le contrôle du palais hier n'a pas apporté explicitement son soutien à l'opposition, mais la division de l'armée affaiblit considérablement le président Ravalomanana.
Les tensions dans l'île sont vives depuis la fin janvier, quand le gouvernement a bloqué les ondes d'une station de radio de l'opposition. Les partisans d'Andry Rajoelina ont alors mis le feu à un bâtiment du complexe de radio-diffusion gouvernemental, un dépôt pétrolier, un centre commercial et une chaîne privée liée à Marc Ravalomanana. Plusieurs personnes sont mortes dans les troubles. Quelques jours plus tard, des soldats ont ouvert le feu sur des manifestants de l'opposition, faisant au moins 25 morts. Ces événements ont coûté au président le soutien d'une partie de l'armée, qui lui a reproché l'ordre de tirer sur les protestataires.
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