Le président ivoirien s'est donné "un à deux mois" pour "pacifier" le pays, en proie aux pillages et aux violences
Jeudi matin, à Abidjan, de nombreux éléments des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) du président Ouattara, patrouillaient, parfois accompagnés de gendarmes.
Environ 500 soldats et gendarmes français de la force militaire Licorne patrouillaient également dans les quartiers nord et en zone 4, au sud, pour sécuriser la ville
La Côte d'Ivoire est encore un pays "dangereux" en dépit de l'arrestation de Laurent Gbagbo et les Ivoiriens "extrêmement traumatisés" ont besoin d'une vaste opération humanitaire, ont affirmé des responsables de l'ONU.
"Il y a toujours des combats et des pillages", a déclaré Alain Le Roy, responsable des opérations de maintien de la paix à l'ONU, en marge d'une réunion à New York du Conseil de sécurité sur la Côte d'Ivoire.
"Les gens des deux camps sont armés. Voici pourquoi il est important que nous puissions continuer les patrouilles (des forces de l'ONU, Onuci)", a poursuivi M. Le Roy. "Nous avons demandé à la police de M. Ouattara et aux gendarmes de patrouiller autant que possible".
La priorité de la force Licorne est désormais d'appuyer l'Onuci pour favoriser "le retour à la vie normale" à Abidjan, a dit de son côté le porte-parole de l'état-major français.
Dans une déclaration, le Conseil de sécurité a encouragé le président Ouattara à former un gouvernement "avec une large assise" et "exhorté tous les Ivoiriens à s'abstenir de toute mesure de représailles, de vengeance et de provocation, à exercer la plus grande retenue et à travailler ensemble pour promouvoir la réconciliation nationale et rétablir une paix durable".
L'ex-président Laurent Gbagbo, battu à l'élection présidentielle de novembre, qui a refusé pendant quatre mois de reconnaître sa défaite à la présidentielle, a été arrêté lundi dans la résidence présidentielle et conduit dans la foulée à l'hôtel du Golf, quartier général de M.Ouattara. Lors d'une conférence de presse dans la capitale économique ivoirienne mercredi, Alassane Ouattara a précisé que Laurent Gbagbo serait traité "avec tous les égards dus à un ancien chef de l'Etat".
Alassane Ouattara a indiqué que Laurent Gbagbo a quitté l'hôtel d'Abidjan où il était assigné à résidence. Selon le porte-parole de l'Onuci, M.Touré, son hélicoptère a décollé vers le nord du pays.
Ouattara va demander à la CPI d'enquêter sur les massacres
Le président Ouattara a précisé qu'il allait s'"entretenir avec le procureur général de la CPI tout à l'heure, pour qu'elle engage des investigations" concernant les massacres dans l'ouest du pays. "Ces massacres sont inadmissibles, indignes (...), je suis révolté", a-t-il ajouté avec émotion, alors que ses partisans sont accusés d'être responsables de certaines tueries, survenues notamment fin mars à l'occasion de l'offensive victorieuse de ses combattants lancée à partir de cette région. "Je ferai tout pour que ces condamnations soient un exemple, non seulement pour les Ivoiriens, mais aussi pour l'Afrique et le monde entier", a promis le chef de l'Etat ivoirien, soulignant qu'il souhaitait que ces investigations débutent "le plus rapidement possible".
Enfin, il a annoncé mercredi que l'exportation de cacao, arrêtée en raison des sanctions internationales visant l'ex-président, va reprendre "immédiatement".
Le nouveau président ivoirien a annoncé qu'il allait s'installer "dans les tous prochains jours", "d'ici la fin de la semaine ou au début de la semaine prochaine", au palais présidentiel.
Le quartier du Plateau où se trouve le palais présidentiel a été le théâtre de violents combats entre forces fidèles à Laurent Gbagbo et combattants d'Alassane Ouattara, appuyés par des frappes aériennes de l'armée française et de l'ONU.
Une fille de Laurent Gbagbo saisit des avocats français
Marie-Antoinette Singleton veut que la justice étudie la "légalité" de l'arrestation lundi de ses parents ainsi que celle de l'intervention militaire française en Côte d'Ivoire, qui a agi, selon elle, "en dehors du cadre de la résolution 1975 du Conseil de sécurité de l'Onu".
Pour ce faire, un collectif de cinq avocats a été constitué à Paris pour défendre le président déchu de Côte d'Ivoire et son épouse Simone. Marie-Antoinette Singleton précise avoir demandé aux avocats Jacques Vergès, Roland Dumas, Gilbert Collard, François Epoma et Habiba Touré de défendre ses parents "ainsi que des autres membres de ma famille et des collaborateurs détenus illégalement par les rebelles".
Ces cinq avocats sont inscrits au barreau de Paris. Roland Dumas, ex-ministre socialiste des Affaires étrangères, et Jacques Vergès, avaient dénoncé en décembre à Abidjan une ingérence française et internationale en Côte d'Ivoire et apporté leur soutien à Laurent Gbagbo, dont ils sont de proches conseillers.
Marie-Antoinette Singleton, qui vit aux Etats-Unis, affirme que la détention de ses parents et de leurs proches "est un calvaire de violences et d'humiliations", contrairement aux affirmations officielles.
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