Le Premier ministre russe s'est entretenu vendredi avec Nicolas Sarkozy à l'occasion de sa visite de 2 jours en France
Lors d'un déjeuner à l'Elysée, Vladimir Poutine a confirmé au Président français la décision de Moscou de geler la livraison de missiles anti-aériens perfectionnés de type S-300 à l'Iran.
Il a également précisé que les Iraniens étaient "très mécontents" et voulaient infliger à Moscou des pénalités pour non exécution de ce contrat.
Selon l'Elysée, Nicolas Sarkozy a estimé que c'était une mesure "extrêmement courageuse". Il s'est également félicité de ce que la Russie se soit jointe aux dernières sanctions votées par le Conseil de sécurité de l'Onu contre l'Iran.
Autre sujet abordé, le Mistral. M. Poutine a de nouveau conditionné l'achat d'un exemplaire de ce puissant navire de guerre français à la fourniture, par Paris, de technologies de pointe.
Ce marché militaire, pour lequel les deux pays sont entrés au mois de mars en "négociations exclusives", inquiète les pays voisins de la Russie, Etats baltes et Géorgie en tête. Doté d'une grande mobilité, le Mistral est un navire qui peut transporter des hélicoptères, emmener des troupes et des blindés, abriter un état-major ou un hôpital.
"Pour nous, le plus important, c'est d'acheter des technologies, c'est ça l'avenir", a déclaré à l'AFP le ministre de l'Industrie Viktor Khristenko, en marge de la visite de Vladimir Poutine.
Avant de se rendre en France, Vladimir Poutine avait prévenu que l'achat du Mistral, un porte-hélicoptères permettant notamment l'envoi de troupes sur les théâtres d'opérations, n'avait d'intérêt pour Moscou que s'il s'accompagnait d'un "transfert de technologies". "Aujourd'hui, le monde vit un moment difficile et nous devons être ensemble pour rester concurrentiels (...). Dans les domaines scientifique et technologique, nous devons unir nos efforts", a expliqué vendredi Vladimir Poutine, aux côtés de son homologue français François Fillon.
Les déclarations russes tranchent avec les propos des responsables français jusqu'à présent. La vente des navires se fera "sans équipement militaire", avait déclaré le président Nicolas Sarkozy, en recevant en mars à Paris son homologue russe Dmitri Medvedev.
Interview de Vladimir Poutine
France 2 a diffusé mercredi une interview exclusive de Vladimir Poutine à l'occasion de sa venue en France. Durant cet entretien d'une heure réalisé lundi à Sotchi (Russie) conjointement par David Pujadas et un journaliste de l'AFP, l'ancien locataire du Kremlin parle notamment de l'euro, des droits de l'Homme et de l'Iran.
En voici les principaux points.
Vladimir Poutine croit en l'euro
"Nous faisons confiance et avons foi, sinon nous ne garderions pas en monnaie européenne une telle quantité de nos réserves en devises et en or", assure Vladimir Poutine." Nous ne comptons pas changer notre rapport à l'euro en tant que monnaie de réserve", ajoute-t-il en estimant que les difficultés actuelles "sont temporaires".
Iran: non aux sanctions et à l'usage de la force
Le Premier ministre russe persiste à penser que les sanctions sont "inefficaces" pour résoudre les crises nucléaires."Vous connaissez un seul exemple de sanctions efficaces? (...) Dans l'ensemble elles sont inefficaces", estime l'ancien locataire du Kremlin en citant l'exemple de la Corée du Nord. "L'usage de la force d'une façon ou d'une autre, il me semble qu'il ne faut même pas en parler. Selon moi, cela conduirait à une énorme tragédie sans le moindre résultat positif".
Flottille pour Gaza: tout faire pour éviter un autre incident
"Il faut tout faire pour que rien de semblable ne se reproduise", déclare Vladimir Poutine."Ce qui est particulièrement tragique, c'est que cet acte se soit produit dans des eaux neutres. C'est quelque chose de complètement nouveau et cela exige évidemment un examen particulier", a-t-il ajouté. "Nous avons toujours appelé à la levée du blocus (de Gaza). Je ne pense pas que de telles méthodes soient efficaces pour résoudre les problèmes auxquels la région fait face".
Achat de Mistral français si transfert de technologies
L'achat à la France d'un navire de guerre de type Mistral ne présente d'intérêt pour Moscou que s'il s'accompagne d'un "transfert de technologies", a expliqué Vladimir Poutine. La Russie, bien qu'étant déjà "l'un des principaux producteurs d'armes au monde", a besoin d'"échanges de compétences, de technologies", a-t-il insisté, remarquant que la France et la Russie coopéraient déjà avec succès dans l'aéronautique.
Droits de l'Homme
Critiqué en raison des atteintes aux droits de l'Homme en Russie, Vladimir Poutine estime ne pas avoir de leçons à recevoir de l'Europe qui cherche à imposer ses règles au monde depuis la colonisation. Il en a profité pour souligner que les atteintes aux libertés étaient un problème universel et qu'elles concernaient aussi la France. "Les atteintes, il y en a partout. Prenons par exemple les atteintes aux droits de l'Homme dans le système pénitentiaire français", a-t-il répliqué.
En Russie, pas de culte de la personnalité
Selon l'ancien président russe, l'instauration d'un culte de la personnalité dans la Russie de 2010 est tout simplement impossible. "Même dans un cauchemar, je ne peux m'imaginer que cela puisse se reproduire dans la Russie d'aujourd'hui". "Je vous assure que la maturité de notre société civile est suffisante pour empêcher le développement des processus auxquels nous avons été confrontés dans les années 1930, 40 et 50", ajoute-t-il en référence au régime du dictateur soviétique Joseph Staline.
L'intégralité de l'interview de Vladimir Poutine est disponible sur le site du Journal de 20h
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