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Le «patrimoine immatériel» de l'Unesco: un drôle d'inventaire

Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
Quel est le lien entre la calligraphie chinoise et un repas gastronomique français ? A priori aucun. Mais pour l'Unesco, il s'agit d'éléments du «patrimoine immatériel». Cela vous effraye? On va tout vous expliquer. Avec quelques images.

En tant que tel, le patrimoine culturel immatériel est donc difficile à définir. En anglais, on traduit d’ailleurs «immatériel» par «intangible». Un mot qui, dans la langue de Shakespeare comme dans celle de Molière a aussi le sens d'«impalpable», «indéfinissable»
 
Et qu’en dit l’Unesco ? «Le patrimoine culturel ne s’arrête pas aux monuments et aux collections d’objets. Il comprend également les traditions ou les expressions vivantes (…), comme les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et évènements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l'univers ou les connaissances et le savoir-faire nécessaires à l'artisanat traditionnel», explique son site. Sa richesse «ne réside pas tant dans la manifestation culturelle elle-même que dans la richesse des connaissances et du savoir-faire qu’il transmet d’une génération à une autre.»

Conséquence : la liste du «patrimoine immatériel» est forcément très, très vaste. Pour ne pas dire quasi-infinie... Elle constitue ainsi un véritable inventaire à la Prévert. Elle recense aussi bien la fabrication des sonnailles au Portugal, que le rituel pour amadouer les chamelles en Mongolie, l’Ebru (art turc du papier marbré), la place Jemaa el-Fna au Maroc ou la danse rituelle au tambour royal du Burundi…  

Il ne vous reste plus qu’à suivre le guide !

La sonnaille portugaise est un instrument à percussion «muni d’un seul battant interne, en général suspendu au cou du bétail avec une lanière en cuir. «Il est traditionnellement utilisé par les bergers pour localiser et diriger leurs troupeaux et crée un paysage sonore caractéristique dans les campagnes», explique le site de l’Unesco. Les sonnailles, qui tendent aujourd’hui à disparaître, sont en général fabriquées à Alcáçovas (sud du pays). (AFP - Patricia de Melo Moreira)
Ledit rituel permet aux bergers mongols d’encourager les chamelles à accepter leur nouveau-né ou à adopter un chamelon orphelin. «La mère est attachée près du petit et un chanteur entonne doucement sa mélopée monocorde, qu’il accompagne de gestes et de sons». Le chanteur, accompagné par un violon à tête de cheval ou une flûte, adapte sa mélodie en fonction de la réaction de la chamelle, qui peut se montrer agressive. La photo montre un groupe de chameaux à Dalanzadgad (sud de la Mongolie). (REUTERS - B. Rentsendorj)
L’équitation classique à la prestigieuse Ecole d’équitation espagnole de Vienne «est l’art traditionnel et la pratique de la reproduction, de l’élevage, du dressage et de la monte des chevaux lipizzans» (race originaire de Slovénie), explique le site de l’Unesco. Le lipizzan, originaire de Slovénie, a été créé par la cour impériale d’Autriche et constitue la plus vieille race de chevaux d’élevage en Europe. Les demonstrations se font à l’école d’équitation d’hiver de la Hofburg, le palais impérial à Vienne. (REUTERS - Heinz-Peter Bader)
«Servir du café arabe est un aspect important de l’hospitalité dans les sociétés arabes qui est considéré comme un symbole de générosité. Traditionnellement, le café est préparé devant les invités», explique le site de l’Unesco. «L’invité le plus important, ou le plus âgé, est servi le premier. La tasse de l’invité n’est remplie qu’au quart, qui peut ainsi être remplie plusieurs fois. L’usage veut que chaque invité boive au moins une tasse mais jamais plus de trois.» Sur la photo, des hommes prennent le café à Tabuk (Arabie Saoudite), près de la frontière avec la Jordanie, le 17 juillet 2015.
 (AFP - Mohammed Al-Buhaisi)
La capoeira est liée à l’histoire de la traite des Noirs africains et de l’esclavage sur les côtes brésiliennes. «Pour résister et s’affranchir, (les esclaves) ont développé, en secret, une forme de lutte, déguisée en danse : la capoeira», raconte le site vidadecapoeira.com. Aujourd’hui, celle-ci «est une pratique culturelle (…) qui relève à la fois du combat et de la danse et peut être considérée comme une tradition, un sport et même une forme d’art. Les capoeiristes forment un cercle au centre duquel deux d’entre eux s’affrontent. Les mouvements exécutés exigent une grande souplesse du corps. Les autres capoeiristes autour du cercle chantent, tapent des mains et jouent d’instruments à percussion», explique le site de l’Unesco. Ici, un professeur de capoeira aveugle, Joao Kanoa, initie des éllèves au fameux cercle dans une favela de Rio de Janeiro, le 26 avril 2013.  (REUTERS - Pilar Olivares)
Située à l’entrée de la Medina à Marrakech, la place Jemaa el-Fna, fondée au XIe siècle, est l’un des espaces les plus populaires de Marrakech. «Elle offre une concentration exceptionnelle de traditions culturelles populaires marocaines qui s’expriment à travers la musique, la religion et diverses expressions artistiques», explique le site de l’Unesco. On peut y boire des jus d’orange, y acheter des fruits, s’y faire soigner et s’y faire tatouer, y écouter des conteurs, des conteurs, des poètes, des musiciens, y voir des charmeurs de serpents, des danseurs gnaouas… (AFP - Manuel Cohen)
Le sauna, qui aurait été notamment connu des Vikings, se pratiquerait depuis 2000 ans en Europe du Nord. Il occupe une place importante dans la vie quotidienne de la communauté võro. Sa pratique «comprend un riche ensemble de traditions dont les coutumes du bain proprement dit, la fabrication des fouets pour le bain, la construction et la réparation des saunas et le fumage de la viande dans le sauna», explique le site de l’Unesco. «Le sauna est un bâtiment ou une pièce chauffé(e) par un poêle recouvert de pierres (…). Il n’a pas de cheminée et la fumée produite par la combustion du bois circule donc dans la pièce. (…) De l’eau est jetée sur les pierres chauffées afin de produire de l’air chaud chargé de vapeur». Photo prise près du village de Haanja le 20 décembre 2014. (REUTER - Ints Kalnins )
La calligraphie chinoise, vieille de plus de 3000 ans, est plus qu’un simple outil de communication, c’est un art. «Une dimension artistique qui lui vaut d’être encore plus prisée à l’âge du stylo à bille et de l’ordinateur», commente le site de l’Unesco. On distingue cinq styles différents : sigillaire, chancellerie, cursif, semi-cursif et régulier. La calligraphie se pratique avec un pinceau sur du papier de riz ou de la soie. Elle reste très complexe pour les non-initiés. A titre d’exemple, le caractère «bonheur» possède «plus de cent graphies (manière dont le mot est écrit, NDLR) différentes», explique chine-culture.com! Dans les temps anciens, la manière d’écrire avait tellement d’importance que les concours impériaux pour devenir fonctionnaire mettaient plus l’accent sur la qualité de l’écriture du candidat que sur le contenu de la copie… Sur la photo: un panneau... publicitaire vante les mérites d'un nouvel ensemble immobilier à Pékin, le 22 avril 2016. En Chine, l'art de la calligraphie se niche partout... (REUTERS - Claro Cortes)
«La danse rituelle au tambour royal est un spectacle qui associe le son du battement des tambours, puissant et synchronisé, à des danses, de la poésie héroïque et des chants traditionnels. Toute la population du Burundi la reconnaît comme un élément fondamental de son patrimoine et de son identité», peut-on lire sur le site de l’Unesco. Celui-ci précise que «ce spectacle rituel est joué lors des fêtes nationales ou locales et pour accueillir les visiteurs de marque, et il est censé réveiller les esprits des ancêtres et chasser les esprits maléfiques». Sur la photo: scène de danse royale à Gijega, près de la capitale Bujumbura, le 22 avril 2016. (REUTERS - Evrard Ngendakumana)
Facile à démonter et à remonter (en quelques heures), la yourte est un mode d’habitat nomade en Asie centrale, et notamment au Kazakhstan, Kirghizistan (et en Mongolie). Elle fait partie de l’histoire des steppes de la région. Pour ne pas dire de leur identité : le toit d’une yourte apparaît ainsi sur le drapeau kirghize. Celle-ci se compose d’une ossature en bois de forme circulaire recouverte de feutre (ou de cuir, comme en Mongolie). Elle comprend une seule pièce, autour d’un poële. Elle n'est dotée que qu’une seule entrée en face de laquelle se trouve le lit du chef. De nos jours, la yourte reste «le symbole de la famille et de l’hospitalité traditionnelle, fondamentales pour l’identité des peuples kazakhs et kirghizes», observe le site de l’Unesco. (Pierre-Armand Dussex)

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